Ecrit pour le Cardinal Pamphilj(1653-1730), poète, théologien, philosophe, et sur un texte de sa plume,  Il Trionfo del Tempo e del Disinganno accompagna Haendel tout au long de sa vie, de ses années de jeunesse à Rome où l’œuvre fut créée au printemps 1707, à son extrême vieillesse lorsque, aveugle, il en dicta à son disciple John Christopher Smith une nouvelle version en langue anglaise.

Mais l’original italien conserve seul cette ardeur expressive, ce sens du mouvement quasi berninien. L’œuvre emporte tout sur son passage, libre, inventive aussi bien dans la virtuosité terrible de ses parties chantées, que dans un orchestre incroyablement coloré. En 1988 Marc Minkowski avait révélé cette partition singulière (2 CD Erato) au Festival des Pâques Musicales d’Aix-les-Bains, c’est aujourd’hui René Jacobs qui s’y aventure.

Nul doute que son orchestre chamarré – Le Freiburger Barockorchester - et son sens du théâtre y feront merveille, mais on est très curieux également des solistes, Sunhae Im, dernière découverte de Jacobs, Christophe Dumaux, Jeremy Ovenden et surtout Julia Lezhneva (1) (photo), voix à la tessiture hors normes qui va du mezzo au soprano colorature, aussi virtuose que musicale. La jeune soprano russe a fait l’unanimité ces dernières années et pas seulement parce qu’elle est assurément un phénomène vocal : elle sait dessiner en deux traits un personnage. C’était d’ailleurs Mark Minkowski,  toujours à l’affût des jeunes chanteurs, qui l’avait révélée aux mélomanes français.

L’occasion sera donc double, découvrir une œuvre rare et fulgurante et y entendre l’une des plus saisissantes voix du moment.

Jean-Charles Hoffelé

(1)Il faut se procurer le disque de ses débuts, consacré à d’étourdissantes arias de Rossini (1 CD Naïve, avec le Sinfonia Varsovia dirigé par Marc Minkowski). Non moins séduisant, son nouveau récital « Alleluia » (Mozart, Vivaldi, Porpora, Haendel), accompagné par Il Giardino Armonico et Giovanni Antonini, paraît tout juste chez Decca

Haendel : Il Trionfo del Tempo e del Disinganno
12 février 2013 – 20h
Paris – Salle Pleyel
www.sallepleyel.fr

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Photo : Decca/Uli Weber