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Installation de Thierry Malandain à l’Académie des Beaux-Arts – Terpsichore sous la Coupole

 

La danse gagne du terrain, puisque la voici de plus en plus implantée dans le vénérable Institut de France, où le chorégraphe Thierry Malandain, directeur de Ballet Biarritz, vient d’être enfin installé, alors que son élection datait d’avril 2019. Mais le Covid était passé par là… Ils sont désormais quatre à figurer dans la nouvelle section, quatre chorégraphes qui ne s’endorment pas sur les fauteuils et affichent une énergie réjouissante : deux femmes, Blanca Li et Carolyn Carlson, deux hommes, Angelin Preljocaj et Thierry Malandain, qui n’a pas failli à ses convictions en se faisant fabriquer une épée aux mesures de sa finesse et de son attachement à sa région d’adoption, le pays basque, en bois de néflier, arbre dans lequel est taillé le makila, bâton de berger emblématique de ce pays. Une coquille d’escargot marque de sa spirale en argent,  symbole de renaissance, cette épée qui scande les mouvements des danseurs, comme le bâton du maître de ballet
 

De néflier et d'argent ... © DR

Une cérémonie plus festive que celles, si solennelles, qui accompagnent généralement les réceptions sous la coupole, d’une part parce que le chef et compositeur  Laurent Petitgirard avait été choisi par Malandain pour le fameux discours de réception et que l’on sait la vivacité et la bonne humeur de ce personnage hors normes, d’autre part parce que le chorégraphe, si peu attaché aux manifestations officielles, a endossé avec une belle élégance son habit vert (celui de Carzou remis à ses mesures) et sa nouvelle dignité, prononçant un discours de haute tenue sur l’histoire de la danse et son importance, trop souvent décriée.
Et comme il n’avait pas à faire l’éloge de son prédécesseur, puisque le siège était créé pour lui, il a choisi de rendre hommage à Jean-Etienne Despréaux, (1748-1820) danseur qui chansonna et donna dans le théâtre, épousant d’ailleurs l’une des stars de l’époque, Marie-Madeleine Guimard : coqueluche de l’époque napoléonienne, il est l’un de ces négligés de l’histoire de la danse, dont Malandain lutte inlassablement pour réparer les failles.

Et délicate surprise : des intermèdes dansés ont émaillé son exposé, l’un consacré à la Gavotte de Vestris, toujours dansée en pays basque, l’autre à l’Aurresku, danse de bienvenue typique de la région, les deux séquences accompagnées par des musiciens. Voir battre le tambourin et l’entrechat sous la coupole, voilà qui a apporté un bain de jouvence à l’austère institution, que plusieurs danseurs venus de Biarritz pour fêter leur maître, enjolivaient déjà de leur fraîcheur et de leur charme, tandis que le meilleur de la vieille garde de la danse française, comme Cyril Atanassoff ou Pierre Lacotte, était aussi venu applaudir cet hommage rendu à leur art, par le biais de l’excellent Malandain, ici entouré de vrais amis.
 
Jacqueline Thuilleux

Académie des Beaux-Arts, Institut de France, 6 avril 2022
 
Photo © P. Rimond

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