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Iphigénie en Tauride au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines - Torride ! - Compte-rendu
L’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris accomplit des prouesses. Comme dans le cas de cet Iphigénie en Tauride qu’il présente au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, dans une production digne de concurrencer les meilleures dans des salles autrement renommées (comme la Bastille, pour rester dans le même cadre institutionnel). L’opéra de Gluck trouve ainsi une traduction superlative, musicalement comme scéniquement.
Jacques Osinski, qui a fait ses premières armes auprès de Claude Régy, Lev Dodin et Herbert Wernicke (excusez du peu !), signe une réalisation scénique intense. Avec de rares moyens matériels, mais une grande science théâtrale. Un décor unique, constitué de la chambre ordinaire d’un appartement quelconque, des costumes actuels ou tout autant intemporels, des éclairages judicieux : tout est en place pour que le drame s’installe. Et celui-ci noue la gorge, dès les premiers instants, les premières mesures, avec des personnages habités, torturés. L’intervention du groupe des choristes, lui-même, se fait pareillement dramatique, reclus en bloc sur les côtés du décor dans des poses hiératiques dessinées de façon quasi chorégraphique.
Mais la transmission des interprètes constitue la substance, sans laquelle ce drame ne serait pas. Bravo aux solistes de l’Atelier lyrique ! Andreea Soare, grande prêtresse dans un rôle-titre où elle impose sa forte personnalité, Oleksiy Palchykov (Pylade) et Gemma Ni Bhriain (Diane) campent des incarnations transcendantes, dans l’expression alliée à la sûreté vocale. Les uns et les autres, il est vrai, chanteurs affirmés qui ne sont plus au stade de la révélation. On serait plus réservé pour Piotr Kumon (Oreste), grommelant dans sa voix et son jeu, gêné par une déficiente élocution française.
Geoffroy Jourdain dirige tout ce beau monde, en compagnie de douze musiciens choisis par lui et pour la circonstance, ainsi que le Jeune Chœur de Paris, avec une acuité sans cesse en éveil. L’instrumentation un peu grêle (Thibault Perrine signe la réduction et adaptation de la partie d’orchestre), desservie par l’acoustique sourde du théâtre, s’affirme la soirée passant d’une réelle présence. Quand le chœur, pour sa part, ne lâche pas la bride. Pour une heure quarante, sans entracte, où l’auditeur-spectateur reste cloué sur son fauteuil.
Pierre-René Serna
Gluck : Iphigénie en Tauride - Saint-Quentin-en-Yvelines, Théâtre, 6 mars 2015
Photo © Magliocca / Opéra national de Paris
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