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Ishay Shaer en récital aux Pianissimes – De beaux débuts parisiens – Compte-rendu
Le pianiste israélien Ishay Shaer (25 ans) était l’invité des Pianissimes au Couvent des Récollets, une série qui offre à de jeunes interprètes la possibilité de se faire connaître du public parisien. Formé auprès de Arie Vardi à Tel Aviv puis de Barenboïm, Ashkenazy ou Perahia, ce lauréat du Concours de Newport en Grande-Bretagne en 2006 et du Concours Beethoven de Bonn en 2009 mène aujourd’hui une belle carrière internationale. Le Festival Piano aux Jacobins de Toulouse l’a accueilli l’an dernier, mais il ne s’était pas encore produit à Paris.
© Les Pianissimes
La tension est palpable au début du récital dans la 28e Sonate op. 101 de Beethoven. Très vite, le soliste réussit à se concentrer et impose un ton où l’éloquence le dispute à une remarquable intelligence du discours. La dimension formelle l’emporte certes sur la profusion de couleurs et il ne manque qu’un soupçon de liberté à cette lecture très pensée qui ne perd jamais de vue la trajectoire de la grande arche.
Les six Klavierstücke op. 118 de Brahms bénéficient au contraire de toutes les ressources du chant pianistique : à l’intériorité assumée des pages les plus intimes répond la puissance des élans fantastiques. Du très grand art dans la manière d’appréhender la dimension onirique et les feulements harmoniques. Dans les Etudes Symphoniques op. 13 de Schumann (jouées dans leur intégralité avec les Etudes posthumes), Ishay Shaer déploie toutes les ressources d’un orchestre avec une ardeur juvénile qui n’oublie jamais la poésie et l’expression dans les moments les plus effusifs. Loin d’un exercice de démonstration pianistique, le regard porté recherche tout à la fois densité et fluidité.
Les bis voient alterner la subtilité de la Bagatelle op. 126 n° 1 de Beethoven et la profusion digitale de l’Etude op. 25 n° 2 de Chopin, enlevée avec brio par un artiste d’une étonnante maturité qui fait d’ores et déjà son entrée dans la cour des grands.
Prochain rendez-vous aux Pianissimes le 25 mars avec Mi-Sa Yang et Jonas Vitaud dans un programme Mozart-Dvorak.
Michel Le Naour
Paris, Couvent des Récollets, 18 février 2019 // www.pianissimes.org/vitaud/
Photo © Joey Cohen
Photo © Joey Cohen
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