Jean-Claude Casadesus a souvent dirigé le Requiem de Verdi. Salle Pleyel, avec son Orchestre National de Lille, sa façon d’aller à l’essentiel, de raconter une histoire, témoignent assurément de son identification à l’œuvre et d’une profonde réflexion sur les intentions du compositeur.

Sans jamais forcer le ton, d’une simplicité toute empreinte de noblesse, le chef maîtrise la matière sonore et conduit avec efficacité le superbe Chœur Philharmonique Tchèque de Brno ainsi que les quatre solistes dans une interprétation d’une pudeur fervente. Pas de déploiement exacerbé (y compris dans le Dies Irae), refus du spectaculaire voire du caractère opératique : Casadesus se concentre sur la méditation avec un lyrisme contrôlé qui se souvient de l’affliction éprouvée par Verdi à la mort de Manzoni.

Le quatuor vocal répond bien à cette volonté de sobriété même si la basse Roberto Scandiuzzi, grand styliste, a perdu ses graves d’antan. La soprano Veronika Dzhioeva fait preuve de clarté et d’assurance, y compris dans le contre ut du Libera me, la mezzo-soprano Lilli Paasikivi possède une voix profonde et émouvante et le ténor Stuart Neill, par son élégance naturelle sans emphase, ne contrarie pas cette optique d’ensemble guidée par la clarté d’un discours d’une réelle force émotionnelle. Le public, qui éprouve toujours la même fascination pour le Requiem de Verdi, manifeste son enthousiasme par de nombreux rappels.

Après trente-sept ans de bons et loyaux services à la tête de l’Orchestre National de Lille, Jean-Claude Casadesus vient d’annoncer qu’il « ouvrait une réflexion sur la nomination du prochain directeur musical » de la phalange. « C’est lorsque tout va bien qu’il faut sereinement chercher un successeur », a-t-il déclaré.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 4 mars 2013

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