Pour son 1446e concert, le Festival de l’Orangerie de Sceaux, créé il y a quarante-deux ans par le violoniste Alfred Lœwenguth et étape estivale obligée pour tout mélomane, conviait en récital le pianiste Jean-Claude Pennetier dans un programme de rêve où étaient convoqués Schubert (Sonate D. 959), Chopin (quatre mazurkas), Fauré (Barcarolles n°3 et 5) et Liszt (Variations sur « Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen »).

Avec le temps, Pennetier n’a rien perdu de son énergie mais son jeu a gagné en profondeur, en gravité dans une vision quasi religieuse de la musique conçue comme une quête aux profondeurs insondables. On s’en est vite rendu compte dès l’Allegro de la Sonate en la majeur de Schubert (1) porteur du sentiment tragique de la vie, ou encore dans l’Andantino d’une résignation à faire pleurer les pierres avant le jaillissement rythmique, presque forcé, du Scherzo et du Rondo final. Même impression avec ce bouquet de Mazurkas op 33 et op 41 de Chopin à l’harmonie somptueuse, exécuté avec un art consommé.
Interprète privilégié de Gabriel Fauré, Pennetier sait décrypter toute la profondeur et éclairer la densité de ces Barcarolles parfois si schumanniennes de ton, portées par la grâce et le charme subtil grâce aux doigts experts, profonds et volubiles du soliste.
Avec les Variations de Liszt sur le chœur de la Cantate BWV. 12 de Bach, la dimension spirituelle prend tous ses droits : le caractère épique et virtuose de l’œuvre est sublimé par cette exécution d’une intériorité et d’une intensité très prenantes.

Un concert à marquer d’une pierre blanche dans les riches heures du Festival de l’Orangerie Sceaux dont il ne faudra manquer sous aucun prétexte des week-ends musicaux aussi captivants que ceux où se succéderont : Jean-Philippe Collard (21/08) ; le Quatuor Zemlinsky, vainqueur du dernier Concours de Bordeaux (27/08), le légendaire Trio Guarneri de Prague (28/08), le corniste David Guerrier, le violoniste Nicolas Dautricourt et la pianiste Dana Ciocarlie (3/09) ; ou enfin le Quatuor Parisii en compagnie de Guillaume Coppola (4/09).
De beaux moments de musique en perspective pour illuminer la fin l’été musical.

Michel Le Naour




(1) Un ouvrage récemment – et magnifiquement - enregistré par J.C. Pennetier, en compagnie de la Sonate en sol majeur D. 894 (2CD MIRARE – MIR 119)

Festival de l’Orangerie de Sceaux – 24 juillet 2011



Jusqu’au 4 septembre 2011, programmation détaillée : www.festival-orangerie.fr

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Photo : Jean-Marc Gourdon