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Jean Tubéry et La Fenice aux Bernardins - Sur la Terre comme au Ciel

Décidément, chaque nouveau concert au Collège des Bernardins tourne à l'événement culturel. Avec un nouveau rendez-vous à ne pas manquer le 21 mars, à l'enseigne du Ciel, de la Terre et des Eléments. Quand arts et sciences cohabitaient aux Vème et VIème siècles, au temps de Boèce, conduisant ce dernier à imaginer le quadrivium qui mariera arithmétique, géométrie, astronomie et musique.
Désormais, celle-ci, liée aux mathématiques et à la physique, relèvera moins de l'art que de la science, cependant que le cycle littéraire du trivium (grammaire, rhétorique, dialectique) ne cessera d'être étudié sur le chemin des disciplines dites supérieures : médecine, droit et théologie.

Aujourd'hui, c'est à Jean Tubéry et à son ensemble de la Fenice, orfèvres en matière de rencontres entre hautes époques, qu'est demandé ce voyage Coeli et Terra ; un parcours qui redonne précisément tout leur sens aux symboles humanistes du trivium et du quadrivium.

Avocat cent fois célèbre de la cause baroque, Jean Tubéry, de son cornetto funambule, joue les fédérateurs, réveillant le cortège des Eléments - la Terre, l'Eau, l'Air, le Feu- à qui il donne une vie nouvelle, sous le jeu des latinismes.
Une prima pars ouvre ainsi le concert, qui concilie la philosophie du projet à ce que nous savons du penchant de nos interprètes pour le premier Baroque, qu'il soit italien ou allemand. Samuel Scheidt, l'un des 3 «S» fondateurs de l'école germanique (avec Schütz et Schein), y sera suivi d'une Toccata de Giovanni Girolamo Kapsberger, le maître du théorbe qui, établi à Rome, fit de sa folle virtuosité une légende.

Reste que le souci de Tubéry ne tourne pas, loin s'en faut, à l'inventaire. Et si Froberger témoigne ici comme captivant virtuose du clavecin, il se remarque aussi comme l'un des géniteurs (avec un certain Girolamo Frescobaldi) du magique Stylus phantasticus ...
Entrecoupée d'intermedia qui apportent comme une respiration à cette évocation guidée par les intuitions du maître d'œuvre (la fin du concert s'envole sur le dernier intermède de la Pellegrina demandé, autre symbole, à Emilio de Cavalieri, l'une des figures fondatrices de la nouvelle musique), la soirée, servie par un plateau vocal et un instrumentarium imparables, s'annonce passionnante, preuve de l'impact des concerts à thème qui, en peu de temps, ont su changer du tout au tout, aux Bernardins, les rapports de la musique et du public.

Roger Tellart

La Fenice, dir. Jean Tubéry
Œuvres de Scheidt, Loth, Kapsberger, Schein, Froberger, Strozzi, Rognoni, Anerio, Biber, Corradini, Gagliano, Scarani, Peri, Frescobaldi, Archilei, Cavalieri.
21 mars 2013 – 20h
Paris - Collège des Bernardins (Nef)

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Photo : La Fenice © Raynald Henry
 

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