Dialogue de Debussy avec des compositeurs français d’aujourd’hui sous les doigts de Dana Ciocarlie (photo ci-contre), rencontre imaginaire de Corneille et de Couperin par le comédien Jérôme Verghade et le claveciniste François Guerrier : deux originaux concerts « en miroirs ».

Inscrire de la musique contemporaine dans un programme ? Les organisateurs de concerts s’accordent pour considérer que la « technique du sandwich » est la meilleure des solutions. Un morceau de contemporain habilement glissé entre deux moelleuses tranches de grand répertoire. Encore faut-il que les saveurs s’accordent, que l’on n’ait pas oublié le beurre ; bref que l’on se préoccupe de la cohérence d’ensemble du programme, que l’on souligne la filiation entre l’ancien et le nouveau.

S’il est une pianiste qui mérite des éloges sur ce point, c’est bien Dana Ciocarlie dont les programmes constituent en général de beaux exemples de cette mise en perspective du répertoire. La sortie d’un enregistrement Debussy-Beffa-Escaich-Verrières-Krawczyk (Triton TRI 331143) est l’occasion pour cette interprète découvreuse d’offrir un récital intitulé « Debussy en miroirs » ( jeudi 6 avril, 20h30, Ecole Normale Supérieure)

« La Paraphrase de Poissons d’or de Frédéric Verrières, dont j’ai créé la première version en 1998 est à l’origine de ce disque et de ce récital, confie la jeune pianiste d’origine roumaine. J’ai eu envie de réunir dans un même programme des compositeurs de ma génération. ». A côté de l’ouvrage de Verrières, l’interprète se devait de faire figurer Debussy et ses Poissons d’or, entre autres, mais elle y a ajouté des compositions de Beffa, Escaich et Krawczyk qui, à un titre ou un autre, entretiennent des liens avec l’univers de Claude de France. « Et puis, ajoute Dana Ciocarlie avec un bonheur gourmand, tous ces compositeurs sont aussi de très bons pianistes qui écrivent remarquablement bien pour le piano, savent le faire sonner », regrettant « l’approche trop virtuelle, pas assez sensuelle » dont l’instrument souffre parfois dans la musique contemporaine.
On s’impatiente d’entendre ce singulier programme et, pour rester dans l’originalité et avec Dana Ciocarlie, je ne puis que vous recommander le magnifique enregistrement (AR RE-SE 2006-0) qu’elle vient de réaliser avec sa compatriote la violoniste Irina Muresanu. La Sonate pour violon et piano de Lekeu associée à celle, méconnue mais non moins belle, d’Albéric Magnard (1865-1914) : voila qui change du sempiternel couplage Franck-Lekeu ! Un CD à découvrir d’urgence - en attendant de retrouver le duo Muresanu-Ciocarlie aux Serres d’Auteuil le 22 juin prochain.

Dans le domaine baroque, on relève cette semaine également une intéressante confrontation entre la musique de Louis Couperin et le théâtre de Pierre Corneille. L’intimiste Théâtre Pixel invite en effet à une « rencontre imaginaire » entre l’écrivain et le musicien, proposée par le comédien Jérôme Verghade et le jeune claveciniste François Guerrier - remarqué pour son assez récent CD Bach (Intrada). Des extraits de tragédies et de comédies de Corneille mêlées à des pièces de Couperin forment le menu d’un concert-lecture particulièrement orignal.

Enfin, toujours au chapitre baroque, notez que la 6ème Edition du Festival « Brillamment Baroque » du Château de Thoiry approche (du 16 au 30 avril). Cours d’interprétation, concerts, dîners-concerts attendent les amateurs d’instruments et de répertoire anciens avec des artistes tels que José Vazquez, Lucia Krommer, Annie Laflamme, Irina Troupova ou Barbara Dobozy.

Alain Cochard

Récital Dana Ciocarlie Jeudi 6 avril à 20h 30 Ecole Normale Supérieure 45, rue d’Ulm 75005 Paris

Jérôme Verghade/François Guerrier Dimanche 9 avril à 17h Théâtre Pixel 18, rue Championnet – 75018 Rés. : 01 42 54 00 92

Festival « Brillamment Baroque » Du 16 au 28 avril Château de Thoiry Rens. : 01 34 87 48 37
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