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​Juan Diego Flórez et Sinfonía por el Perú à la Philharmonie de Paris – Du bel canto à la zarzuela – Compte-rendu

 
Concert final d’une tournée européenne, la Philharmonie de Paris s’offre à un récital de Juan Diego Flórez accompagné de l’orchestre Sinfonía por el Perú. Cette phalange et son organisation de même nom ont été fondées par Flórez en 2011 dans son Pérou natal et rassemble des jeunes Péruviens, souvent de milieux défavorisés, dans un objectif d’inclusion sociale et dans un but non lucratif. Ils reçoivent ainsi une formation musicale destinée à mieux les insérer dans la vie professionnelle, à l’image du Sistema vénézuélien.
 
Flórez préside toujours cette organisation sociale et son orchestre avec lequel il officie souvent. Pour son récital à Philharmonie, l’orchestre se produit pour la première fois en France. Il est ici dirigé par Ana María Patiño-Osorio, jeune artiste d’origine colombienne, qui a occupé le poste de cheffe assistante à l’Orchestre de la Suisse romande de 2022 à 2024. 
 

Ana María Patiño-Osorio & Juan Diego Flórez © DR

Le ténor péruvien, dont les qualités belcantistes ne sont plus à dire, débute son récital par des airs de Bellini, Donizetti, Matteo Salvi et Verdi, ponctués de pages orchestrales (ouvertures de Norma et de La Forza del destino). Sa projection vocale et son art du phrasé font merveille. La seconde partie commence avec Gounod et Offenbach, « Ah, lève-toi soleil » et l’entracte de Roméo et Juliette, « Au mont Ida » de La Belle Hélène et le Can-Can bien endiablé d’Orphée aux enfers. Puis succède un festival de zarzuela (1), avec des airs tirés de La alegría del batallón de José Serrano, La pícara molinera de Pablo Luna, El último romántico de Soutullo et Vert, sertis du prélude de La Revoltosa de Ruperto Chapí et de l’intermède de La boda de Luis Alonso de Gerónimo Giménez. Face à un Flórez des mieux à son affaire dans ce répertoire, qui selon ses propos lui a ouvert les portes de l’opéra, le public réserve à nouveau un triomphe pour des œuvres pourtant peu connues. L’orchestre, très fourni et d’une étonnante maturité professionnelle, offre tout au long de la soirée un appoint des mieux circonstanciés, sans à aucun moment couvrir la voix. Ana María Patiño-Osorio dirige l’ensemble avec ce qu’il faut de subtilité ou d’emportement.
 
Vient ensuite une série de bis, réclamés par un public enthousiaste. Cette fois-ci dans une note latino-américaine, dont « Amor de mis amores » accompagné à la guitare par Flórez lui-même, ou le célèbre « El Condor pasa » à tout l’orchestre. Hommage vigoureux aux origines des interprètes et final enlevé d'un concert hors normes.
 
Pierre-René Serna
 

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Paris, Philharmonie, 30 septembre 2024.
 
(1) À noter, précisément, la toute récente sortie du disque « Zarzuela » où Juan Diego Flórez, sous son propre label dont c’est le premier enregistrement, officie accompagné du chœur et de l’orchestre Sinfonía por el Perú sous la direction de Guillermo García Calvo (par ailleurs directeur musical du Teatro de la Zarzuela de Madrid), dans des extraits de ce répertoire qu’il chérit tant.
 

Photo © DR

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