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​Justin Taylor et le Consort au théâtre des Champs-Elysées – Complicité mozartienne – Compte-rendu

 

Le nom de Justin Taylor (photo) est d’abord associé au clavecin, dont il est l’un des plus éminents représentants parmi la jeune génération, mais le pianoforte l’attire aussi de temps en temps et on lui doit un très bel enregistrement du 17Concerto de Mozart avec Julien Chauvin et son Concert de la Loge (Aparté) (1). La musique du compositeur autrichien réussit tout particulièrement à un interprète qui vient d’en apporter une nouvelle preuve en compagnie de ses amis instrumentistes du Consort, dans le cadre des Concerts du dimanche matin de Jeanine Roze.
 
Mozart : Concerto n° 17 par Justin Taylor et Julien Chauvin/Le Concert de la Loge ; 3e mvt (ext.)

Cinq archets seulement (Théotime Langlois de Swarte, Sophie de Bardonnèche, Clément Batrel-Génin, Hanna Salzenstein et, pour plus d’assise dans le grave, la contrebasse d’Hugo Abraham) entourent Justin Taylor pour les Concertos nos 12 KV 414 et 14 KV 449 en version de chambre.
À ce dernier revient d’ouvrir le programme et d’installer une complicité dont les musiciens ne se départiront pas un seul instant tout au long du concert. Sur un très bel instrument des années 1780 (signé Franz Baumbach et venu de l’Abbaye aux Dames de Saintes), Justin Taylor restitue la variété d’humeur de l’Allegro vivace, avant de distiller le lyrisme tendre de l’Andantino et de donner – sans trop presser le tempo – tout son élan et sa saveur au si original rondo.
L’acoustique de la salle de l’avenue Montaigne est certes plus adaptée au piano moderne qu’au pianoforte, mais le soliste ne cède jamais à la tentation de forcer en quoi que ce soit son jeu et conquiert l'auditoire par l’intelligence du phrasé et un incessant rebond dans le dialogue avec ses partenaires.
 

© Concertclassic
 
Plutôt que le Quatuor n° 11 initialement prévu, les musiciens ont opté pour la Sonate d’église en ut majeur KV 328 (1779), qui leur permet de demeurer dans leur effectif complet et d’exécuter un Mozart des plus méconnus, le relief et l’énergie de la pièce donnant au violon de Théotime Langlois de Swarte l’occasion de se distinguer avec un profond sens théâtral.
 
La conclusion revient au Concerto en la majeur KV 414 où l’on retrouve les qualités soulignées à propos du KV 449. D’un allant irrésistible dans les mouvements vifs, Justin Taylor sait aussi traduire l’hommage ému que l’Andante rend à Jean-Chrétien Bach, disparu peu avant la composition de l’ouvrage. Subtilité des couleurs, profondeur du chant et, surtout, immense tendresse ... Aux anges, le public est gratifié en bis de la Sonate KV 328 et du finale du Concerto KV 449.
Le soleil brille sur Paris – sur la scène du théâtre des Champs-Elysées aussi !
 
Alain Cochard
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 13 février 2022
 
Photo © Jean-Baptiste Millot
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