Depuis un mémorable album Liszt qui a fait couler pas mal d’encre, Khatia Buniatishvili est entrée de plain-pied dans le cercle restreint des grands concertistes internationaux. Son jeu altier, plein de caractère, virtuose en diable mais sans ostentation, nous évoque rien moins que la jeune Martha Argerich.
Dans le grand vaisseau de Pleyel, elle se mesure une fois de plus à l’œuvre-monde qu’est la Sonate de Liszt, une partition qu’elle adore, mais aussi à la tumultueuse 7ème Sonate de Prokofiev – un défi pour tout pianiste, plus encore pour l’intellect que pour les doigts pourtant diablement sollicités. Mais la soirée s’ouvrira par deux opus de Chopin, 4ème Ballade et 2èmeSonate, qu’elle vient d’ailleurs d’enregistrer (1).
Impossible en écoutant le Scherzo de la Sonate « Funèbre » de ne pas penser encore une fois à Martha Argerich : même manière de griffer le clavier, même sens de l’effet dramatique, même doigts fulgurants qui laissent sans voix. Courez-y, car si Khatia Buniathisvili a choisi de vivre à Paris, elle y joue encore trop peu souvent.

Jean-Charles Hoffelé

(1)Un disque consacré à Chopin vient de paraître chez Sony, dont la pièce maîtresse est le 2ème Concerto de piano, accompagné par l’Orchestre de Paris et Paavi Jarvi. Mais ce sont d’abord les œuvres pour piano solo qui retiennent l’attention : 4ème Ballade admirablement construite, 2ème Sonate visionnaire, archi romantique, une valse, une mazurka (1 CD Sony 886091071292). Vous trouverez son interprétation de la Sonate de Liszt sur son précédent album consacré entièrement à ce compositeur (1 CD Sony 88697873852)

Récital de Khatia Buniathisvili
Œuvres de Chopin, Liszt et Prokofiev
19 novembre 2012 – 20h
Paris - Salle Pleyel

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Photo : E Haase / Sony