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Khatia et Gvantsa Buniatishvili au Festival de Saint-Denis - L’irrésistible duo
Non, ce ne seront pas les nouvelles sœurs Labèque, dont elles ont incontestablement la beauté et le charisme. Les deux Géorgiennes, soudées par une admiration réciproque, ont des tempéraments, des vies et des envies différentes, mais que la forte personnalité de leur mère, à Tbilissi, a réunis autour du piano, pratiqué à quatre mains dès l’enfance. Inséparables malgré les distances, Gvantsa demeurant au pays, tandis que Khatia vole de continent en continent, on les voit pour des duos savoureux dont Gvantsa dit que Khatia est incontestablement le chef d’orchestre.
Mais si la personnalité éclatante et la marque ravageuse de la sœur cadette ont déjà fait d’elle une vedette au long cours, nomade et libre, Gvantsa, discrète et gracieuse, n’a nulle envie de courir le monde sans arrêt, et de vivre avec l’énorme pression que fait peser sur l’artiste le poids du succès. Ce n’est donc pas une enseigne publicitaire que de les voir ensemble mais simplement la rencontre affectueuse de deux histoires, de deux artistes fusionnelles dans leur amour de la musique. Et le charme opère, sans faille. On va donc les applaudir ensemble au Festival de Saint-Denis, où dans le cadre précieux de la Légion d’Honneur, elles rejoueront leur propre duo.
Mais les feux de la rampe sont évidemment braqués sur Khatia, en ce mois qui vient de voir sortir son troisième CD chez Sony (1) : un florilège de pièces allant de Bach à Pärt dont l’assemblage sous le titre de « Motherland » peut surprendre. « Ce bouquet, dit Khatia, je l’ai voulu pour ma mère, à laquelle je m’étais jurée de rendre hommage, car on ne le fait jamais assez tôt et on ne dit jamais assez aux gens qu’on les aime et tout ce qu’on leur doit. Quant au concept de motherland, il dépasse l’idée de patrie, à laquelle on l’a accolé et qui compte bien sûr pour moi, mais évoque plutôt celui de terre-mère nourricière, de figure créatrice tutélaire, antique, sans laquelle il n’est point de vie et de chaleur. Les pièces, même si elles paraissent hétéroclites, représentent chacune une page de souvenirs, une descente dans ma mémoire fondatrice. Et les rassembler avec ma propre logique est une occasion précieuse de se raccrocher à un monde plus grand que soi ».
On retiendra de ce florilège intensément poétique plusieurs merveilles ciselées avec la grâce délicate et précise dont Khatia Buniatishvili a le secret, notamment l’Aria de la Cantate BWV208 de Bach, transcrite par Egon Petri, une aérienne Romance sans parole de Mendelssohn, une promenade d’un romantisme vibrant chez Chopin, Liszt, Scriabine, l’exquis Menuet en sol mineur de Haendel arrangé par Kempff. On retrouve au passage les deux sœurs pour la mélancolique et fruitée Dumka de Dvorak, puis une page traditionnelle pour laquelle Khatia puise dans ses sources géorgiennes et les exalte de son tempérament passionné, un peu telle un Fazil Say, pour finir sur l’éloquente descente dans le silence de Für Alina, de Pärt. On ne peut s’empêcher de songer aux Variations Goldberg, dont la vague d’expansion est circulaire comme ce disque aux résonances riches de sens, commencé en action de grâces.
Pour le reste, l’été va garder la jeune vedette en Europe, et même en France, du Festival d’Auvers-sur-Oise qui l’a toujours célébrée, au chaleureux Festival du Vigan dans les Cévennes, avec le programme Ravel-Moussorgski qu’elle joua à Pleyel en mars, et a beaucoup mûri depuis, puis à la Chaise-Dieu fin août. Mais avec enfin un arrêt en juillet pour faire : devinez ? Du piano…
Jacqueline Thuilleux
(1) Sony 88843067512
Khatia et Gvantsa Buniatishvili
Œuvres de Schubert, Rachmaninov, Gershwin, Ravel
Festival de Saint-Denis
14 juin – 20h30
www.concertclassic.com/concert/khatia-gvantsa-buniatishvili
Festival d’Auvers-sur-Oise, le 25 juin (église Notre-Dame)
Festival du Vigan, 10 août (église de Saint-Martial)
Festival de la Chaise Dieu, le 28 août (Abbatiale Saint Robert)
Photo @ DR
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> Reportage vidéo: Rencontre avec Khatia Buniatishvili
> Lisa Batiashvili et Khatia Buniatishvili en duo en Géorgie - Voix du sol, voix du sang
> Concerto pour piano op54 de Schumann par Khatia Buniatishvili
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