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Krystian Zimerman à l’Orchestre de Paris - Une œuvre-monde - Compte-rendu
Second concert de Krystian Zimerman avec l’Orchestre de Paris en ce début d’année, la soirée du 25 janvier correspond très exactement au jour anniversaire de Witold Lutoslawski dont 2013 fête le centenaire de la naissance (1).
Avant que le pianiste ne rejoigne Paavo Järvi, ce dernier dirige l’Ouverture de Genoveva de Schumann. Une pièce rare au concert, que l’on apprécie d’autant plus que le maestro estonien et ses instrumentistes la servent avec une transparence et une finesse du détail qui balaient pas mal de préjugés sur les qualités d’orchestrateur de Schumann.
D’ailleurs, quoi de plus naturel qu’une incursion dans le siècle romantique en prélude à un Concerto pour piano que le compositeur polonais (décédé en 1994) décrivait comme « l’enfant d’un étrange mariage : mon idiome personnel (mélodie, harmonie, rythme) se combine aux traditions du pianisme du XIXe siècle. Avec les traditions de Chopin, Liszt et Brahms.» Rien de « néo » toutefois dans une partition dont Zimerman, son dédicataire, assura la création mondiale à Salzbourg en août 1988, sous la baguette du compositeur. Les mêmes en donnèrent la première française dès le mois d’octobre avec l’Orchestre de Paris.
Pleine réussite que le retour de l’ouvrage dans un programme de la phalange parisienne. La complicité exemplaire de Järvi avec son soliste y est pour beaucoup. Et… quel soliste ! N’insistons pas sur les moyens supérieurs d’un interprète qui place tout son art au service d’une composition dont il maîtrise chaque détail, chaque nuance avec une palette sonore à laquelle l’acoustique de Pleyel ne rend hélas pas totalement justice. Au cœur du texte l’un et l’autre, Zimerman et Järvi déploient une œuvre-monde avec une fascinante imagination sonore.
Belle ovation, mais point de bis en cette soirée du centenaire. Avec beaucoup d’élégance, le soliste pose un baiser sur la partition de son compatriote avant de quitter la scène…
Retour au XIXe siècle en seconde partie avec le « Pastorale » de Beethoven. Une interprétation qui célèbre une nature très réconfortante, presque une peu trop par instants. Mais on n’aura pas le culot de bouder la subtilité des couleurs avec laquelle Järvi sert l’une des plus difficiles symphonies de l’Allemand. Du côté des cordes, comme chez de magnifiques souffleurs la musique rayonne.
Alain Cochard
Paris, Salle Pleyel, 25 janvier 2013
(1) Signalons la parution d’une belle plaquette (gratuite) en hommage à Lutoslawski, éditée à l’initiative de l’Institut Polonais de Paris. On y trouvera, entre autres, une passionnante interview du compositeur, réalisée en 1993 par Elzbieta Sikora et initialement publiée dans le n°de mai 1993 de Diapason-Harmonie.
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Photo : Kasskara/DG
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