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Krystof Maratka en résidence à l’Académie-Festival des Arcs – Ivresse et mystère des sons
Il y a un bon moment déjà que le violoniste Eric Crambes, directeur artistique de l’Académie-Festival des Arcs, souhaitait proposer une résidence au compositeur Krystof Maratka. Avec pour thème « La musique classique d’inspiration populaire », la 42ème édition de la manifestation offrait une occasion idéale pour accueillir une figure aussi singulière qu’attachante de la musique de notre temps.
Un an tout juste après la création du magnifique « Livre des cendres », son premier quatuor à cordes, sous les archets des Prazak au Festival de Prades (1), Maratka est l’invité de Bourg-Saint-Maurice pour une résidence, marquée par une première française et une création mondiale, qui offre un panorama de sa production, de 1995 à aujourd’hui et de la musique soliste à l’orchestre. Un choix d’œuvres effectué au sein d’un catalogue dont le caractère resserré souligne tant la nécessité intérieure que le perfectionnisme et la passion de l’essentiel qui guident l’artiste tchèque – français d’adoption depuis le début des années 1990.
«Avant tout concept, toute méthode, la musique suscite une réaction émotionnelle, physique », rappelle un créateur qui, même dans des partitions extrêmement complexes, telles que quatuor avec piano Exaltum (1998) ou le trio avec piano Anthologie des rêves (2002) que l’on entend aux Arcs, ne perd jamais de vue cette dimension. Pas de musique de papier chez Maratka ! La science des sons, l’exigence technique - souvent redoutable - ont pour fonction de laisser s’épanouir un imaginaire sonore très personnel et d’ouvrir les portes du rêve et de l’émotion à l’auditeur. La musique ne se regarde pas, elle s’éprouve.
Krystok Maratka a au fil des ans noué des liens privilégiés avec certains interprètes. Un peu plus d’une décennie après Voja cello (2000) pour violoncelle, dédié à François Salque, il est revenu à cet instrument en solo avec Dolmen, pièce écrite en 2011 pour Eric Levionnois, qui la reprend au cours de la résidence.
Un changement est intervenu dans le programme initialement annoncé. En lieu et place du quintette à vent Hypnozy, on retrouve Krystof Maratka (le 30/07) pour un moment de musique d’un genre un peu particulier. Au piano et… avec différents instruments à vent traditionnels de son pays natal, il propose d’abord des Improvisations sur des instruments traditionnels tchèques, avant de se lancer dans le cycle Dans les brumes de Janáček – car le compositeur se double d’un pianiste remarquable. Outre le ouvrages précités, la résidence aux Arcs permet aussi d’entendre Csardas n° 3 et des extraits de Luminarium (avec Philippe Carrara à clarinette et l’Orchestre de l’Académie dirigé Pierre Roullier), deux partitions qui témoignent, chacune à sa façon, de l’attrait de l’artiste pour les musiques populaires.
Enfin, au chapitre des premières auditions, on est impatient d’entendre Onyrik (en première française sous les doigts de Romano Pallottini). « Pendant longtemps, par un phénomène assez étrange et absurde, confie Krystof Maratka, j’étais un peu effrayé d’écrire pour piano solo ». Le pas a été franchi avec un ouvrage créé par Lars Vogt en juin 2013 dans le cadre du Festival « Spannungen » de Heimbach et qui a pour sous-titre « Récits futurs et exotiques pour piano finement détempéré. » « Par une manipulation très simple et rapide, sans toucher à l’accord, je change la sonorité du piano », explique l’auteur. C’est une pièce à la fois virtuose et poétique, qui utilise tout le potentiel expressif du piano et recherche la variété et l’ivresse des sons. »
C’est aussi un piano « finement détempéré » que Maratka utilise dans la création qu’il donne le 27 juillet, à la fois dans le rôle de comédien et de pianiste : Le Mystère de Monsieur Rybka. Une décennie exactement après la réussite de Kouznétsov sur un texte de Daniil Harms, le compositeur renoue avec le mélodrame, genre qui lui est cher et où il sait combien il faut être attentif à l’équilibre entre parole et musique afin que cette dernière soit continûment « à l’écoute du texte ». Une nouvelle de son compatriote Karel Čapek (1890-1938), Les traces, lui a inspiré une partition où l’on trouve « beaucoup de jeu dans les cordes afin de souligner le côté mystérieux du récit ».
Alain Cochard
(1) http://www.concertclassic.com/article/le-quatuor-cordes-de-krystof-maratka-en-creation-prades-sous-le-signe-du-pere-compte-rendu
42ème Académie-Festival des Arcs
Du 19 juillet au 2 août 2015
Bourg-Saint-Maurice
Résidence de Krystof Maratka
Du 23 juillet au 31 juillet 2015
www.festivaldesarcs.com /
www.facebook.com/pages/Festival-de-musique-des-Arcs/181671625272635
Office du Tourisme de Bourg-Saint-Maurice : 04 79 07 12 57
Site de Christophe Maratka : www.henry-lemoine.com/fr/compositeurs/fiche/krystof-maratka
Photo © DR
NB : Compositeur et pianiste, Krystof Maratka est également le réalisateur de De ta vie, un émouvant film consacré à son père Zdenek Maratka (1914-2011), éminent médecin, qui sera projeté le 28 juillet aux Arcs.
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