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Kun Woo Paik au 30e Festival international de musique de Dinard – Chopin à fendre l’âme – Compte-rendu
Kun Woo Paik au 30e Festival international de musique de Dinard – Chopin à fendre l’âme – Compte-rendu
Claire-Marie Le Guay, nouvelle directrice artistique du Festival International de Dinard, a tenu à inviter le pianiste coréen Kun Woo Paik (photo) qui, lui-même, présida aux destinées de la manifestation de 1994 à 2014. Depuis son départ, il n’avait plus eu l’occasion de se produire dans la ville bretonne où il a laissé un excellent souvenir. D’ailleurs, le public d’un Auditorium Stephan Bouttet (le fondateur du festival) bondé lui fait un triomphe dès son entrée en scène, conscient d’assister à un événement. Au programme, un bouquet de treize Nocturnes de Chopin, présentés non dans l’ordre chronologique mais selon un agencement de tonalités particulièrement suggestif.
Le Nocturne op.9 n°1 est joué avec une lenteur extatique et l’on est pris à la gorge par l’intensité de l’interprétation qui, par d’autres moyens, rappelle l’envoûtement ressenti à l’écoute de Claudio Arrau. Le reste du parcours est marqué par une même atmosphère, celle d’une continuité habitée qui plonge au tréfonds de l’âme. Sur un Bösendorfer aux sonorités moins denses que le Steinway habituel, se dégage une impression d’épure où la respiration bellinienne prend une dimension non seulement lyrique mais profonde, révélant une qualité d’émotion mise à nu par un jeu pénétrant. Sans jamais forcer le ton y compris dans les déchaînements de violence (Nocturne n°7 op.27 n°1), le soliste, sensible aux raffinements harmoniques, aux combinaisons de timbres (Nocturne n°14 op.48 n°2), à la clarté de la ligne, annonce par bien des aspects Scriabine et Fauré, deux compositeurs longuement fréquentés. Avec le Nocturne n°13 op.48 n°1 qui clôt ce concert inoubliable, toute la mélancolie transparaît et les modulations qui se succèdent rappellent combien Chopin fut traversé sa vie durant par l’image de la mort.
Pour juger des vertus de cette lecture si dense et qui tient du songe éveillé, il faut se précipiter sur l’intégrale des Nocturnes récemment enregistrée par Kun Woo Paik (pour DG) où s’exprime la confession d’un poète-musicien entièrement dévoué à son art.
Michel Le Naour
Le Nocturne op.9 n°1 est joué avec une lenteur extatique et l’on est pris à la gorge par l’intensité de l’interprétation qui, par d’autres moyens, rappelle l’envoûtement ressenti à l’écoute de Claudio Arrau. Le reste du parcours est marqué par une même atmosphère, celle d’une continuité habitée qui plonge au tréfonds de l’âme. Sur un Bösendorfer aux sonorités moins denses que le Steinway habituel, se dégage une impression d’épure où la respiration bellinienne prend une dimension non seulement lyrique mais profonde, révélant une qualité d’émotion mise à nu par un jeu pénétrant. Sans jamais forcer le ton y compris dans les déchaînements de violence (Nocturne n°7 op.27 n°1), le soliste, sensible aux raffinements harmoniques, aux combinaisons de timbres (Nocturne n°14 op.48 n°2), à la clarté de la ligne, annonce par bien des aspects Scriabine et Fauré, deux compositeurs longuement fréquentés. Avec le Nocturne n°13 op.48 n°1 qui clôt ce concert inoubliable, toute la mélancolie transparaît et les modulations qui se succèdent rappellent combien Chopin fut traversé sa vie durant par l’image de la mort.
Pour juger des vertus de cette lecture si dense et qui tient du songe éveillé, il faut se précipiter sur l’intégrale des Nocturnes récemment enregistrée par Kun Woo Paik (pour DG) où s’exprime la confession d’un poète-musicien entièrement dévoué à son art.
Michel Le Naour
Dinard, Auditorium Stephan Bouttet, 15 août 2019
Photo © Jinsoo Lee (THIERRY studio)
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