Nommé l’an dernier à la tête de l’Orchestre Français des Jeunes, Kwamé Ryan entame sa collaboration avec la formation-école à l’occasion d’une session d’été dont la tournée se termine par deux concerts, à Paris (3 septembre) puis à La Courneuve (13 sept.). Enthousiaste et impatient de commencer le travail avec les jeunes musiciens, le chef canadien répondait à concertclassic.com fin juillet, peu avant de partir retrouver l’OFJ dans sa résidence du Grand Théâtre de Provence à Aix.

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans cette aventure avec l’Orchestre Français des Jeunes ? Avez-vous déjà auparavant dirigé des orchestres de ce type ?

Kwamé Ryan : Non, c’est la première fois et ce qui m’a poussé à accepter la proposition que m’a faite Hugues Gall de m’occuper de l’Orchestre Français des Jeunes est que, adolescent, j’ai fait l’expérience d’un orchestre de jeunes en tant que contrebassiste en Grande-Bretagne. J’en garde un merveilleux souvenir ! Le fonctionnement est un peu différent là-bas car les musiciens sont très jeunes (18 ans maximum). J’avais seize ans à peu près à l’époque et j’étudiais la contrebasse depuis seulement un an et demi. Des amis m’avaient dit : « Vas-y, tu as peu de chances d’être pris, mais tente toujours le coup ». J’y suis allé et j’ai été admis. Je me souviendrai toujours de la première répétition… J’ai été tellement impressionné par le son de l’orchestre lors du premier accord que… je me suis arrêté de jouer !

Le travail avec de grands chefs, Colin Davis, Pierre Boulez entre autres, a été très formateur pour moi. Je savais déjà que je voulais devenir chef et cette expérience s’est révélée vraiment très précieuse.

Vous vous apprêtez à faire travailler l’Orchestre Français des Jeunes dans un programme copieux et exigeant, c’est le moins que l’on puisse dire…

K. R. : Absolument ! Mais tous ces jeunes musiciens auront été préalablement préparés pendant une semaine par des professeurs venus des Conservatoires de Paris, de Lyon etc. et ils connaîtront déjà parfaitement bien les œuvres à mon arrivée. Ceci les libèrera pour ne se préoccuper que de musique lors du travail que nous effectuerons ensemble. J’ai vraiment hâte de me retrouver face à eux !

Comment s’est effectué le choix des œuvres abordées durant cette session d’été ?

K. R. : Je l’ai fait en collaboration avec Pierre Barrois, directeur de l’OFJ. Nous avons recherché un programme varié, comportant des expériences très différentes pour l’orchestre : Bartok (suite du Mandarin merveilleux), Beethoven (7ème Symphonie), mais aussi, puisqu’il s’agit d’un orchestre français, de la musique française avec Tuning-up de Varèse et le Concerto pour flûte de Marc-André Dalbavie (avec Benoît Fromanger en soliste), car je tenais à la présence d’une œuvre contemporaine. Quant à la Symphonie n°2 de Rachmaninov, le choix s’imposait à moi car je viens de l’enregistrer avec l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine(1). C’est une œuvre que j’ai vraiment «dans la peau » et je tenais à en faire une nouvelle expérience avec les jeunes musiciens de l’OFJ.

Vous êtes par ailleurs directeur musical de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine depuis 2007. Comment se déroule la collaboration avec cette formation ?

K. R. : Je me sens vraiment à l’aise à Bordeaux et à la tête de cet orchestre et très fortement soutenu par la ville, son maire Alain Juppé notamment. C’est une période très intéressante pour l’orchestre car l’ouverture d’une nouvelle salle de concert – un événement très rare dans la vie d’un orchestre, dans la vie artistique d’une ville – se prépare pour 2011. Après un premier disque Schubert(2), nous venons de sortir cette 2e Symphonie de Rachmaninov, réussie je crois. Nous avons fait des tournées au Japon, en Suisse. L’ouverture de la nouvelle salle qui se profile est très stimulante pour moi autant que pour les musiciens de l’ONBA !

Quelles est le trait dominant de la saison 2009-2010 de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine ?

K. R. : Elle referme un triptyque. Après les thèmes de la création, puis de la civilisation, des choses terrestres, nous abordons celui de la transition, des aspects métaphysiques, avec des œuvres telles que la 9e Symphonie de Mahler, la Passion selon Saint Jean de Bach ou encore Mort et transfiguration de Strauss suivi de The unanswered question de Charles Ives.

Après une Tosca - très applaudie - la saison dernière, avez-vous d’autres projets avec l’Opéra de Bordeaux ?

K. R. : Oui, mais d’un genre différent. Après le « blockbuster » que constitue Tosca, je dirigerai en novembre une nouvelle production du Balcon de Peter Eötvös(3). Celle de la création, à Aix-en-Provence en 2002, n’était pas très réussie et nous espérons fortement parvenir à Bordeaux à un résultat plus conforme aux souhaits du compositeur et aux besoins de l’œuvre.

Propos recueillis par Alain Cochard, le 21 juillet 2009

(1) CD MIRARE/MIR 087

(2) Symphonie n°9 « La Grande »/ 1 CD MIRARE/MIR 045

(3) 4 représentations du 20 au 27 novembre (mise en scène : Gerd Heinz) / www.opera-bordeaux.com

Orchestre Français des Jeunes

www.ofj.fr

Concerts de l’Orchestre Français des Jeunes/ Session d’été 2009

26 août, 21h - Festival de la Chaise-Dieu, Abbatiale

Bartók, Dalbavie, Rachmaninov - Benoît Fromanger (flûte)

Rens. et réservations : 04 71 00 01 16 ou www.chaise-dieu.com

Tarifs : 11 à 79 euros

28 août, 20h30 - Concerts d’été de Rennes, La Halle du Triangle

Varèse, Bartók, Rachmaninov

Gratuit

30 août, 17h - Laon, Cathédrale

Beethoven, Rachmaninov

Rens. et réservations : 03 23 20 28 62

Tarifs : 15 à 25 euros

3 septembre, 20h - Paris, Maison de Radio France

Auditorium Olivier Messiaen

Bartók, Dalbavie, Beethoven

Rens. et réservations : 01 56 40 16 15

Tarifs : 8 à 15 euros

13 septembre, 14h - Parc de La Courneuve, Fête de l’Humanité

Rachmaninov

Renseignements:
www.humanite.fr/La-Fete-en-2009

Orchestre National Bordeaux-Aquitaine

Saison 2009-2010 :
http://www.opera-bordeaux.com/saison-09-10/concert/index.html

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Photo : DR