Tendance de fond de la vie musicale hexagonale depuis quelques années, l’exploration de pans oubliés du répertoire français du XIXe siècle et de la première moitié du XXe est à l’origine de découvertes souvent passionnantes. Reynaldo Hahn (1875-1947) compte parmi les bénéficiaires de ce mouvement mais, pour quelques opus retrouvés, que de pages de l’auteur des Chansons grises attendent encore qu’on les sorte de l’oubli…

Tel est le cas de La Colombe de Bouddha, conte lyrique japonais en un acte sur un livret d’André Alexandre dont le Théâtre du Casino municipal de Cannes accueillit la première, le 21 mars 1921, dans une mise en scène de M. Devaux. Kobé, le jardinier de la pagode, meurt d’amour car Jonquille, la jeune femme dont il était épris, lui a préféré un chanteur de passage : argument on ne peut plus simple pour une brève partition d’une finesse toute hahnienne qui remporta un beau succès à sa création et fut sans tarder reprise à Deauville et en Angleterre. Preuve supplémentaire de l’intérêt suscité par l’ouvrage, Le Ménestrel en publia un extrait (le Madrigal de Yamato) dans l’un de ses suppléments en 1922(1).

La Colombe de Bouddha attendait que des interprètes curieux la tirent de son long sommeil. Ce sera chose faite bientôt grâce à l’initiative du baryton l’Oiseleur des Longchamps (photo) qui a mis sur pied une version de concert, avec accompagnement de piano (Paul Montag est au clavier). Entouré de Mayuko Karasawa (Jonquille), Sébastien Romigni-Ercolini (Yamato), Jérôme Varnier (Osaki), il tient le rôle de Kobé au cours d’une unique soirée au Temple du Luxembourg (entrée libre). Voilà qui promet d’aiguiser la curiosité des mordus de musique française.

Alain Cochard

(1) Nous avons puisé ces informations sur l’excellent site de l’Association Reynaldo Hahn : www.reynaldo-hahn.net

R. Hahn : La Colombe de Bouddha (version de concert)

15 janvier 2014 – à 20h et à 21h ( durée 40' env.)

Paris - Temple du Luxembourg (58, rue Madame – 75006)

Entrée libre

Photo © loiseleurdeslongchamps 2011