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La Damnation de Faust en version de concert à Nantes – Parfait équilibre – compte-rendu
En ouverture de saison, Angers Nantes Opéra et l’Orchestre National des Pays de la Loire, coproducteurs de cette Damnation de Faust, n’ont pas lésiné sur les moyens. Pour servir la démesure berliozienne, outre les chanteurs et l’orchestre, on a fait appel aux forces chorales venues en nombre pour occuper l’espace du plateau de la Cité de Nantes (Chœurs d’Angers Nantes Opéra, Maîtrise des Pays de la Loire et aussi le Chœur de l’Opéra de Dijon), ce qui contribue à donner une ferveur et une densité à cette version de concert aux dimensions imposantes.
Le choix des chanteurs est proche de l’idéal. Le ténor américain Michael Spyres (photo) incarne aujourd’hui un Faust d’anthologie : expressif, d’une qualité de diction qui force l’admiration, il fait montre d’une autorité vocale y compris dans les airs les plus tendus dans lesquels son aisance fait merveille (Méditation de Faust, Invocation à la nature). Ménageant sa voix puissante de chanteuse wagnérienne, Catherine Hunold (photo), pour sa prise de rôle, insuffle un sens tragique au personnage de Marguerite avec une générosité de ton, une qualité de phrasé et une maîtrise du souffle éloquentes (Chanson du Roi de Thulé, D’amour l’ardente flamme). Laurent Alvaro possède la silhouette inquiétante de Méphistophélès et surtout un chant nuancé : sarcastique à bon escient, il privilégie musicalité et profondeur grâce à une voix chaude et ambrée (Chant de la puce), tandis que Bertrand Bontoux ne force jamais le trait en Brander (Chanson du rat).
Catherine Hunold et Pascal Rophé © Jef Rabillon
Maître d’œuvre de cette production, Pascal Rophé, Directeur musical de l’ONPL, réussit à unifier les climats et les atmosphères si difficiles à relier entre eux dans cette partition aux quatre parties disparates. Précis comme à l’ordinaire, soucieux du détail à la tête d’une phalange engagée (en particulier dans les intermèdes symphoniques), il joue la carte de la clarté et de l’équilibre sans lyrisme excessif avec des tempos plutôt mesurés, mais prend aussi à bras-le-corps les moments les plus dramatiques et communique un élan aux scènes spectaculaires. Une soirée particulièrement réussie qui rend justice à la « légende dramatique » de Berlioz.
Prochain rendez-vous à Angers Nantes Opéra avec Monteverdi et son Couronnement de Poppée (du 9 au 17 octobre). Un spectacle mis en scène par Moshe Leiser et Patrice Caurier et placé sous la double direction musicale de Gianluca Capuano et... Moshe Leiser !
Michel Le Naour
Berlioz : La Damnation de Faust (version de concert) - Nantes, La Cité, 23 septembre 2017 / www.angers-nantes-opera.com/
Photo © Jeff Rabillon
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