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La Flûte enchantée au Festival Berlioz 2022 - Animé retour aux sources - Compte-rendu
Le Festival Berlioz ne présente pas seulement le répertoire du musicien qu’il est censé célébré, mais navigue aussi parmi d’autres escales musicales et tout spécialement pour cette édition 2022 (en raison notamment des changements intervenus dans la programmation initialement prévue, en raison de l’actuel contexte politico-guerrier). C’est ainsi qu’est donné La Flûte enchantée. Sachant par ailleurs que Berlioz était un ardent défenseur de Mozart, et particulièrement de l’ouvrage dont il est ici question, s’étant élevé en son temps contre le tripatouillage parisien dénommé Les Mystères d’Isis (« un misérable pot-pourri ») (1) et prônant un respect scrupuleux du « charme et la suave perfection » de l’œuvre.
Sandrine Piau (Pamina) et Rocío Pérez (La Reine de la nuit)
À La Côte-Saint-André, la restitution musicale entend revenir à l’état original du Singspiel de Mozart. Puisque Christophe Rousset en est le maître d’œuvre, à la tête de ses Talens Lyriques, avec un diapason historique et une distribution vocale idoine. Le résultat convainc, bien illustré et animé de plus, sur le vaste plateau de l’auditorium provisoire de la cour du château, par la mise en espace réalisée par Benoît Bénichou, avec gigantesques projections d’images vidéo allégoriques sur écrans géants en arrière-plan et mouvements précisément réglés, pour une production des plus attractives (étrennée deux jours auparavant au festival de Gstaad).
© Bruno Moussier
Les chanteurs réunis affirment pleinement leurs différents rôles, dans le chant comme dans l’expression, y compris pour les dialogues parlés. Sandrine Piau incarne une Pamina délicate qui sait nuancer mais aussi rayonner. La jeune soprano espagnole Rocío Pérez triomphe en une Reine de la nuit de brillante colorature. Jeremy Ovenden et Christoph Filler figurent Tamino et Papageno avec l’élan et l’ardeur appropriés. Alexander Köpeczi est un Sarastro profond de sa voix de basse tout aussi profonde. Excellemment adaptés également, se présentent Markus Brutscher en Monostatos, Daniela Skorka en Papagena, Christian Immler dans le rôle de l’Orateur, ainsi que Judith van Wanroij, Marie-Claude Chappuis et Angélique Noldus pour les trois Dames.
Dans cette distribution vocale internationale si bien choisie, il ne faut pas oublier les trois garçons, magnifiques adolescents chanteurs issus des Wiener Sängerknaben (Stanislas Maxime Koromyslov, Yvo Otelli et Adrián Bruckner Gómez). L’Ensemble vocal de Lausanne apporte une juste adéquation dans sa contribution. Les instrumentistes des Talens Lyriques confirment leurs vertus de subtilité et précision, en parfaite symbiose avec le chant. Et le tout est porté par la direction vive et dynamique de Rousset, qui confère à l’ensemble pleine ampleur musicale et théâtrale. Un moment privilégié, reçu comme tel par un public enthousiaste.
Pierre-René Serna
(1) Une curiosité de la période romantique dont le Concert Spirituel a réalisé un enregistrement en 2013, sous la direction de Diego Fasolis, avec Chantal Santon Jeffery, Tassis Christoyannis, Renata Pokupic, Sébastien Droy, Marie Lenormand, Jean Teitgen, etc. ( 2CD Glossa Music)
Mozart : La Flûte enchantée (représentation semi-scénique) – Festival Berlioz, La Côte-Saint-André, auditorium provisoire de la cour du château Louis XI ; 29 août 2022
Photo © Bruno Moussier
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