Journal
La Flûte enchantée à Nancy – Buren chez Disney – Compte rendu
© Jean-Louis Fernandez
Dans la fosse, Bas Wiegers dirige l’orchestre de l’Opéra national de Lorraine d’une baguette très mesurée, qui refuse résolument de tirer l’œuvre du côté du pré-romantisme. Le chœur a la cohésion souhaitée, seul le moment où il occupe les loges d’avant-scène s’avérant un peu moins sonore. Du chœur sont issus les deux Hommes d’armes, ainsi que la soprano appelée à remplacer l’un des trois enfants initialement prévus mais frappés par le Covid : finalement, trois jeunes figurants tiennent sur le plateau le rôle des trois garçons, chanté par Heera Bae, Clara Guillon et Majdouline Zerrari, qui s’efforcent de limiter le vibrato autant que possible.
La distribution associe jeunes voix et artistes confirmés. Christina Poulitsi promène à travers le monde sa Reine de la nuit aux aigus transparents et précis : suspendue dans les airs, ce qui limite nécessairement son jeu, elle parvient à rendre son interprétation plus expressive qu’on ne l’avait connue à l’Opéra-Comique ou à Sanxay. Michael Nagl apporte sa caution viennoise en Papageno non plus oiseleur mais oiseau, la Papageno également viennoise d’Anita Rosati se montrant aussi généreuse en aigus qu’en œufs. Bien que jeune et filiforme, David Leigh est un Sarastro aux graves opulents, qui réussit magnifiquement « In diesen heil’gen hallen », et Christian Immler est un bel Orateur. Prisonnières d’une triple robe imitée des Parques d’Hippolyte et Aricie dans la production de Jean-Marie Villégier à Garnier en 1996, les trois dames présentent des visages contrastés, sans que la soprano (Susanna Hurrell) domine clairement le trio, où Ramya Roy et Gala El Hadidi font valoir des timbres affirmés. Quant au couple d’amoureux, Jack Swanson a le physique juvénile qui convient à Tamino, même si le timbre se révèle un peu dépourvu de séduction dans l’air du portrait ; Christina Gansch semble plus d’une fois gênée dans le pianissimo et l’instrument ne possède peut-être plus tout à fait la pureté attendue pour « Ach, ich fühl’s », signe que l’évolution de sa voix la destine peut-être à un autre répertoire.
Laurent Bury
Mozart : Die Zauberflöte – Nancy, Opéra national de Lorraine, vendredi 17 décembre ; prochaines représentations les 19, 21, 23, 26 et 28 décembre // www.opera-national-lorraine.fr/fr/
Photos © Jean-Louis Fernandez
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