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La Grande-Duchesse de Gerolstein à l’Opéra Royal de Wallonie - O.G.M. - Compte-rendu
Projeté en début de spectacle, un clip des Frères Taloche le fait comprendre - sur un mode pas spécialement fin - : La Grande Duchesse de Gérolstein présentée à l’Opéra Royal de Wallonie va nous transporter dans l’univers impitoyable de la Guerre des chefs et transformer l’héroïne d’Offenbach en patronne de L’Hôtellerie de La Grande Duchesse de Gérolstein. Bon, pourquoi pas ? Une transposition bien menée peut réserver d’excellentes surprises ; on ne demande qu’à voir, les fêtes approchent, on est bien disposé. Et l’on voit, l’on entend… et l’on comprend d’emblée que « l’idée originale de Maria Delogu » d’après laquelle Stefano Mazzonis di Pralafera, patron de l’Opéra Royal de Wallonie et maître d’œuvre de la production, a conçu La Grande Duchesse est une franchement mauvaise, très mauvaise idée. Pire, un redoutable piège. Car il ne s’agit pas ici d’une de ces adaptions impertinentes (façon Les Brigands dans ce même Offenbach, en ce moment à Paris sur la scène de l’Athénée - un délice !) qui peuvent bousculer les puristes mais n’altèrent pas l’essence de l’ouvrage. Stefano Mazzonis di Pralafera a lui entrepris de réécrire la totalité des dialogues et, pour la plupart,… les textes des parties chantées !
Super-chef Boum Boum, montée en grade de Fritz de simple plongeur à super-chef en passant par commis, cuisinier, saucier-rôtisseur, second et chef, scène du plan de bataille transformée en une épouvantable recette complaisamment arrosée de ketchup et autres sauces - un sommet de vulgarité -, Gazette de Champagne à la place de celle de Hollande, le mot de Cambronne lancé ici ou là, sabre terminant sa carrière en tire-bouchon géant… Inutile d’insister : la sauce ne prend pas et ne saurait prendre, l’action originellement limpide s’emberlificote (car on nous a inventé deux personnages : Nepomuc et Redbul – ce dernier évidemment prié d’être…énergisant -, sans parler de la Dame de Roc-à-Pic, muette figurante à la poitrine ferme). En bref, c’est véritablement l’ADN offenbachien, le rapport, fondamental, de la note à la couleur de la syllabe qui sont altérés ; la formidable mécanique de l’esprit et du rire du grand Jacques qui est en morceaux. On a tout simplement affaire un O.G.M. ; un Offenbach génétiquement modifié.
La déception est d’autant plus grande que Liège et Stefano Mazzonis di Pralafera ont su nous offrir par le passé des réalisations convaincantes et que le plateau réuni pour l’occasion est globalement à la hauteur de l’ouvrage. En Grande-Duchesse, Patricia Fernandez(1), visiblement très tendue, manque toutefois d’abattage et marche sur des œufs lors d’une première entachée de nombreux problèmes de réglage – inévitables compte tenu du traumatisme infligé à la partition A propos de marcher sur des œufs, le chef liégeois Cyril Englebert y est souvent contraint lui aussi. Les indéniables qualités de Sébastien Droy (Fritz), Lionel Lhote (Boum), Patrick Delcour (Puck), de Giovanni Iovino (Paul) et du reste du plateau auraient mérité d’être mieux employées.
Alain Cochard
(1)Elle tient le rôle-titre en alternance avec Alexise Yerna
Offenbach : La Grande-Duchesse de Gérolstein – Liège, Opéra Royal de Wallonie, 20 décembre, prochaines représentations les 26, 27, 28, 29 & 31 décembre 2013 et le 5 janvier 2014 (au Palais des Beaux-Arts de Charleroi).
Diffusion du spectacle en direct sur culturebox.francetvinfo.fr, le 27 décembre à 20h
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