Avoir 20 ans et se faire commander un opéra par la Scala, et sur recommandation des meilleurs chanteurs de l’époque ! Voila qui donna des ailes à Rossini pour composer ce qui reste probablement sa comédie lyrique la plus vive, la plus irrésistible, encore libre de ce comique de répétition qui l’alourdira par la suite. Stendhal y voyait son chef-d’œuvre bouffe. On y entend, dans l’orchestre mobile, dans un bel canto expressif soucieux autant de la ligne que de la pyrotechnie, comme un hommage à peine voilé à Mozart.

La subtilité du livret de Luigi Romanelli comme la grâce dont la musique dont Rossini l’a paré rendent incompréhensible la relative désaffection dans laquelle l’ouvrage a sombré. Le Châtelet a donc bien raison de reprendre la production colorée et très bulle de champagne de Pierrick  Sorin, en l’assortissant d’une distribution à découvrir : Teresa Iervolino en Clarice, Krystian Adam pour Giocondo, le Conte Asdrubale de Simon Lim auront fort à faire, corps comme voix. A la tête des Matheus, Jean-Christophe Spinosi se charge d’y mettre ce grain de folie qui donnera des ailes à un spectacle qu’on pourra retrouver en DVD, Naïve venant opportunément de le faire reparaître.

Jean-Charles Hoffelé
 
Rossini : La Pietra del Paragone
20, 22, 24, 26, 28, 29 janvier 2014
Paris - Théâtre du Châtelet
http://www.concertclassic.com/concert/pietra-del-paragone-de-gioacchino-rossini

Photo © Marie-Noëlle Robert – Théâtre du Châtelet