C’est avec l’unique pièce pour piano de Berg, la Sonate op.1, que Stephen Hough débute son récital le 8 août dernier à La Roque d’Anthéron. D’une sensualité irrésistible, elle constitue la porte d’entrée idéale pour investir l’univers du pianiste dont le jeu souple agit comme une hypnose. Ses sonorités pulpeuses, ses lignes nettes et ses élans quasi romantiques construisent une interprétation cohérente et naturelle – proche des saveurs du rêve. Le délice se poursuit avec un autre compositeur viennois, Schubert, et sa Sonate « Fantaisie » D894. Le Molto moderato e cantabile voit Stephen Hough entrer dans une tranquille méditation. Des pianissimi sublimes viennent éclairer la première partie du mouvement mais des forte agressifs en gâtent légèrement la fin (l’exécution en plein air reste un réel défi pour les musiciens).

Après l’entracte, c’est vers l’Espagne que se tourne le pianiste anglais. Empreintes d’un certain esprit viennois, les Valses poeticos de Granados n’en restent pas moins de pures bijoux hispaniques. Stephen Hough en souligne le caractère piquant et espiègle par une conduite enlevée et des tempi très vifs. Ensuite, un détour vers l’Andalousie avec deux pièces d’Iberia d’Albeniz. Le pianiste offre un Evocación aux couleurs crépusculaires et un Triana parsemé d’accaciatures franches et savoureuses. Hough enchaîne sur le Debussy espagnol de la Sérénade interrompue et de la Soirée dans Grenade, puis sur le Ravel d’Alborada del Gracioso. Pas de révolution dans l’interprétation mais des moments très réussis. Toujours en clin d’œil à l’Espagne, le récital se conclue sur deux morceaux de moindre intérêt si ce n’est celui de la virtuosité : le Tango d’Albeniz/ Godowsky et le Caprice espagnol de Moskowsky. Enfin, quatre bis malicieux dont du Grieg, du Mompou et des pièces arrangées par hough en personne.

Nicolas Nativel

Festival de La Roque d’Anthéron, le 8 août 2005.

Photo : DR