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La Vivandière de Benjamin Godard au Festival de Montpellier - Drame-express - Compte-rendu
Dernier ouvrage lyrique de Benjamin Godard, achevé par Paul Vidal après la disparition prématurée du compositeur le 10 janvier 1895, La Vivandière remporta un beau succès public lors de sa création le 1er avril à l’Opéra Comique (installé au Théâtre Lyrique puisque la salle Favart, incendiée en 1887, ne devait rouvrir qu’en 1898). La critique se montra toutefois partagée vis à vis d’un ouvrage qu’un commentateur qualifia, sur le mode du reproche, de « drame-express ». Le texte du peintre Louis Caïn à partir duquel Godard a conçu sa cocardière partition, n’est certes pas inoubliable – doux euphémisme -, mais s’il est une qualité qu’il faut reconnaître à La Vivandière c’est justement la rapidité de l’action et la mobilité des situations. Cet aspect compense un écriture où la volonté de faire « clair » et « français » – le contexte historique, marqué par le commencement de l’affaire Dreyfus en 1894, ne doit pas être négligé – aboutit à un résultat hétérogène où de séduisantes trouvailles voisinent avec des moments nettement moins inspirés.
La Vivandière est de ces œuvres qui réclament d’être prises à bras le corps par leurs interprètes et, de ce point de vue, la version de concert proposée dans le cadre du Festival de Radio France et Montpellier Languedoc Roussillon, mérite bien des compliments. Amoureux du répertoire français, Patrick Davin, à la tête d’un Orchestre National de Montpellier en belle forme, s’engage avec conviction et signe une interprétation pleine de relief et de tonus qui permet aux chanteurs de donner le meilleur d’eux-mêmes, à commencer par Nora Gubisch, de retour à Montpellier après sa magnifique Thérèse l’an dernier. La mezzo s’empare du rôle-titre avec une belle santé vocale et sait traduire la générosité de son personnage. A ses côtés, Georges, le fils du Marquis de Rieul (petit rôle dans lequel Franck Ferrari remplace Jean-Marie Frémeau, initialement prévu), est incarné par un Florian Laconi tout de vaillance. Omo Bello emporte l’adhésion par la sensibilité avec laquelle elle aborde le rôle de Jeanne et l’on n’est pas moins conquis par la richesse de timbre et la présence d’Etienne Dupuis (Bernard). Autre remarquable baryton français, Alexandre Duhamel campe un Lafleur très remarqué. Homogène de bout en bout, la distribution est excellemment complétée par Yves Saelens (André), Ivan Thirion (Un Paysan) et, pour les Soldats, Mathieu Cabanès, Euken Ostalaza, Pierre Vaello, Grégoire Guérin et Pierre Benusiglio ; ces cinq derniers provenant d’un Chœur de Radio France bien préparé par Alexandre Piquion.
Il reste que La Vivandière n’était certes pas pas plus prioritaires des exhumations dans le répertoire lyrique français de la fin du XIXe siècle.
Alain Cochard
Godard : La Vivandière – Montpellier, le Corum, Opéra Berlioz, 24 juillet 2013
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Photo : DR
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