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Le Amazzoni nell’Isole fortunate de Pallavicino au Festival de Beaune 2022 – Recréation moderne pleinement assumée – Compte-rendu
Originaire de Brescia, Carlo Pallavicino (vers 1630-1688) a connu le succès au cours d’une carrière partagée entre Padoue, Venise et Dresde en composant plus d’une vingtaine d’opéras. Ses Amazzoni nell’Isole fortunate (Les Amazones des Îles fortunées), créé en 1679 à Piazzola sul Brenta dans le théâtre privé du procurateur vénitien Marco Contarini, est l’un d’eux mais, à l’instar des autres et de la réputation de l’artiste, n’a pas survécu le temps passant.
On doit à Christophe Rousset (photo au clavecin) la résurrection moderne de l’œuvre, présentée fin juin outre-Rhin au festival de Postdam, et reprise dans la foulée à Beaune. Signé Francesco Maria Piccioli, le livret prend prétexte d’une fable mythologique d’amazones et de corsaires, pour donner à voir passions amoureuses et conflits de pouvoir. Typiquement vénitien ! Mais c’est la musique qui donne couleur et expression, avec des arias brillantes dévolues à des voix en majorité féminines, et un efficace sentiment musical général sur une orchestration ajustée. Reconnaissons toutefois que ce dramma per musica en un prologue et trois actes ne se distingue guère par des traits d’inspiration hors des coutumes et du style vénitien de l’époque. Un prototype de l’opéra baroque vénitien en quelque sorte.
Axelle Fanyo © Capucine de Chocqueuse
Identique à celle de Potsdam, la distribution se révèle judicieusement adaptée, avec les sopranos Axelle Fanyo (d’un puissant phrasé pour le rôle principal de Pulcheria), Iryna Kyshliaruk (Florinda éminemment lyrique), Clara Guillon (tout aussi lyrique Auralba), Anara Khassenova et la mezzo Éléonore Gagey. Le baryton Olivier Cesarini et le ténor Marco Angiolini répondent l’un comme l’autre d’une belle ardeur. Et tous livrent, de surcroît, un jeu scénique des plus caractéristiques pour incarner leurs personnages (héritage assurément de la représentation mise en espace à Postdam), animant de manière quasi théâtrale une partition ici présentée en version de concert. L’orchestre des Talens Lyriques ne faillit pas à sa réputation sous la battue attentive de Christophe Rousset, avec la subtilité et la précision qu’on lui connaît (malgré une acoustique, en arrière-fond de la basilique de Beaune, qui parfois le dessert). L’ensemble pleinement assumé pour la révélation méritée d’une œuvre comme d’un compositeur jusqu’alors oubliés : la curiosité du week-end inaugural d’un festival qui célèbre cette année ses quarante ans de fastueuse existence et se prolonge jusqu’au 31 juillet prochain.
Pierre-René Serna
Pallavicino : Le Amazzoni nell’Isole fortunate - Beaune, Basilique Notre-Dame, 9 juillet 2022 // 40e Festival de Beaune, jusqu’au 31 juillet : www.festivalbeaune.com/programmation-2022/
Photo © Festival de Beaune
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