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Le Baron Tzigane de Johann Strauss à l’Opéra des Nations de Genève – Sans éclat – Compte-rendu
Christian Räth ne s’attache guère au contexte historique bien que les monuments représentatifs de Vienne apparaissent au dernier acte en modèle réduit. A partir d’un décor imaginé par Leslie Travers représentant un immense jeu de l’oie – terrain propice à toutes les intrigues –, le metteur en scène déroule l’action de manière ludique à la façon de Laurent Pelly dont il est proche, mais donne souvent l’impression de s’en tenir à une vision trop systématique, ce qui est aussi le cas de la chorégraphie de Philippe Giraudeau.
Jean-Pierre Furlan manifeste beaucoup d’énergie dans le rôle-titre de Sándor Barinkay : doté d’aigus puissants, il ne cherche pas à peaufiner son personnage mais plutôt à le rendre efficace dans sa recherche d’un statut social qu’il a perdu.
Remplaçant la basse Christophoros Stamboglis (hospitalisé à la suite de la première), Randall Jakobsh incarne l’éleveur de porcs Zsupán qu’il chante dans la langue de Goethe, mais doit être doublé sur scène par un comédien pour les dialogues en français. Situation étrange, qui fonctionne finalement assez bien et ne nuit pas à la cohésion de la représentation.
Dans les autres rôles masculins, Marc Mazuir se montre assez impersonnel en Comte Homonay, et Daniel Djambazian, diction trop appliquée, un rien sophistiqué en Comte Carnero. En revanche, l’Ottokar de Loïc Félix, très naturel et d’une présence remarquée, ne mérite que des éloges.
Du côté féminin, la tzigane Sáffi bénéficie de la voix souple et généreuse d’Eleonore Marguerre dont le sens du théâtre répond bien aux sentiments qu’elle éprouve pour Barinkay. En Arsena, Melody Louledjian trouve progressivement ses marques, et Jeannette Fischer (Mirabella), émission fruitée et fine, réalise de véritables prodiges acrobatiques - dont un grand écart très apprécié. En Czipra, vieille cartomancienne haute en couleur, Marie-Ange Todorovitch impose toujours une même autorité bien que son timbre se soit quelque peu appauvri.
A la tête d’un Orchestre de la Suisse Romande aux belles sonorités d’ensemble, Stefan Blunier donne le ton dès l’ouverture : il sait alterner vivacité ou nostalgie dans les rythmes de csardas et de valses. Par la suite, l’ampleur de sa direction très adaptée dans les tutti se révèle parfois un handicap pour les chanteurs malgré la qualité acoustique de la structure éphémère du Théâtre des Nations. Les chœurs du Grand Théâtre préparés par Alan Woodbridge et Roberto Balistreri font preuve d’engagement sans éviter des décalages. En dépit de bonnes intentions et de la réception favorable du public, ce spectacle, sans démériter, ne tient finalement pas toutes ses promesses.
Michel Le Naour
Photo © GTG - Carole Parodi
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