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« Le baroque français me va comme un gant » - Trois questions à Anders J. Dahlin, ténor
Applaudi cet été dans Hippolyte et Aricie à Beaune, le ténor suédois revient sur la scène parisienne dans la Médée de Charpentier dirigée par Emmanuelle Haïm et mise en scène par Pierre Audi où il endosse pour la première fois le rôle de Jason. Concertclassic l'a rencontré entre deux répétitions, heureux de travailler sur une scène française.
Après Hippolyte, vous abordez avec Jason un rôle nettement plus dramatique. Qu'est-ce que cela change pour vous ?
A. J. Dahlin : D'un point de vue vocal, rien, Jason est beaucoup plus léger qu'Hippolyte. C'est écrit pour une voix claire, fine et lumineuse. Il n'affronte presque jamais l'orchestre ; 85% du temps, il chante avec le seul continuo. La tessiture est également plus haute. En fait le dramatisme est dans le jeu d'acteur, et la manière d'accentuer les mots, pas dans le timbre.
Vous avez chanté sous la direction d'Emmanuelle Haïm à Lille dans Dardanus en 2009. Comment travaillez-vous avec elle ?
A. J. Dahlin : Emmanuelle Haïm est quelqu'un de très spontané. Avec elle, vous pouvez être vous-même et expérimenter. Vous vous sentez immédiatement en confiance. Je me souviens de ma première audition pour elle il y a des années ; j'étais arrivé horriblement stressé, et elle m'a très rapidement mis à l'aise. C'est une fine musicienne, très intuitive. J'ai trouvé cette spontanéité aussi chez Hervé Niquet, à qui je dois beaucoup de ce que j'ai appris du baroque français, et avec qui j'avais déjà fait Médée en 2005 à Versailles. Il y a aussi François-Xavier Roth, avec lequel j'ai créé Caravaggio à Metz en avril dernier.
Justement, on vous entend essentiellement dans le baroque français. Vous sentez-vous mis dans une case ?
A. J. Dahlin : C'est vrai que ce répertoire me va comme un gant – couleur, clarté, etc. Mais j'aimerais aussi m'aventurer sur d'autres terrains. Prochainement je vais chanter Ferrando et Belmonte. Le problème est que les grandes maisons d'opéra privilégient les grosses voix à partir de Mozart. Rossini est pourtant léger et virtuose ; malheureusement il n'y a pas de « baroque police » pour ses opéras, c'est dommage. On accepte bien que Jessye Norman chante Phèdre ou Orfeo, mais pas une approche historique dans Verdi ou Wagner. Pourquoi ? Loin de moi cette esthétique que je sens prédominante en Allemagne et en Europe Centrale et de l'Est. Prenez Vienne, ils engagent des grands formats qui crient, même dans le baroque. De toute façon ils n'aiment pas la musique, c'est tout pour la scène. Pensez donc, j'ai chanté dans trois productions en Allemagne, pas une seule fois on a eu de coach linguistique. Ici, vous en avez un systématiquement. Mais s'il est un rôle dont je rêverais, c'est Tom Rakewell. Précision, légèreté, clarté : tout ce que j'aime.
Propos recueillis par Gilles Charlassier, le 1er octobre 2012
Charpentier : Médée
12, 15, 17, 19, 21 (17h) & 23 octobre 2012
Paris - Théâtre des Champs-Elysées,
www.theatrechampselysees.fr
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Photo : DR
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