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​ « Le Carnaval baroque » au Théâtre de Caen – Un énergie intacte – Compte-rendu

 

Non, ce n’est pas un concert ! Non, ce n’est pas une succession de numéros de cirque avec accompagnement d’instruments et de chanteurs ! Non, ce n’est pas un divertissement musical dans l’esprit de la commedia dell arte ! Mais oui, « Le Carnaval baroque » est tout cela à la fois et bien plus encore. Un spectacle exigeant et populaire, ce qui n’est pas le moindre de ses mérites, imaginé par Vincent Dumestre (dramaturgie musicale et direction artistique) et Cécile Roussat (conception visuelle et mise en scène). La création de cette journée de fête carnavalesque dans la Venise du XVIIsiècle remonte à janvier 2006 (au théâtre des Célestins). En dix-huit ans, la production a beaucoup tourné : une centaine de dates dans une vingtaine de pays et tout autant de triomphes ! La reprise du Carnaval baroque s’imposait donc ; il a fait son retour pour trois dates sur la scène du théâtre de Caen.
 

© Laurent Guizard

Loin de s’essouffler, le spectacle a gardé toute son énergie et sa folie. Présent sur le plateau, et participant activement aux festivités, Le Poème Harmonique, mené par Vincent Dumestre (théorbe, guitare, colascione) accompagne, dans tous les sens du verbe, chanteurs, mimes, acrobates et jongleurs. Chaconnes, moresques et tarentelles donnent le tempo. Et si des spectateurs ignorent les noms de Kapsberger, Fasolo ou Maletti, qu’importe, toute la salle est emportée par cette musique irrésistible, légère et profonde, savante et populaire.

© Laurent Guizard

Les barrières tombent ; pas de doute, nous sommes bien en plein carnaval. La musique n’est d’ailleurs qu’un des éléments du spectacle, car il y autant à voir qu’à entendre. Tout va vite, tout s’enchaîne avec fluidité et il est parfois difficile de goûter, comme elle mérite, cette folie communicative. La salle exulte et se réjouit de ce qui s’offre à elle : un riche banquet bien arrosé, une chasse à l’homme le long des canaux, une représentation théâtrale qui donne à entendre une parodie superbe du Lamento della Ninfa de Monteverdi. Au milieu de cette débauche d’euphorie, les quatre chanteurs (Anaïs Bertrand, Paco Garcia, Martial Pauliat, Igor Bouin) brillent tout autant par leur prestation vocale que par leur sens de la comédie.

Thierry Geffrotin

 

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« Le Carnaval baroque » (nouvelle version) – Caen, Théâtre, 29 mai 2024
 
Photo © Laurent Guizard

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