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Le Chat botté de César Cui à Colmar - Féerie à la Gustave Doré - Compte-rendu
Les politiques en faveur du jeune public sont monnaie courante dans nos institutions lyriques. Depuis l’arrivée à sa tête de Marc Clémeur, l’Opéra national du Rhin se distingue toutefois en ce domaine avec le lancement d’une série d’opéras pour enfants qui permet d’impliquer les jeunes chanteurs pensionnaires de l’Opéra Studio de Colmar, les élèves du Conservatoire de Strasbourg et la Maîtrise de l’OnR.
Après Aladin et la lampe merveilleuse de Nino Rota en 2009-2010 et Ali baba de Cherubini la saison dernière, la rareté est une fois de plus de mise avec Le Chat botté de César Cui (1835-1918). D’ascendance française, le compositeur russe – qui n’est souvent qu’un nom dans la liste des membres du Groupe des Cinq et… l’auteur d’une critique assassine de la 1ère Symphonie de Rachmaninov ! – a terminé une production lyrique d’une quinzaine de titres par trois opéras pour enfants dont deux s’inspirent de Charles Perrault : Le Petit Chaperon Rouge(1911) et Le Chat botté (1913). Donné à Rome en 1915, ce dernier attendit 1961 pour être créé à Moscou.
L’OnR a mille fois eu raison d’aller dénicher cette partition savoureuse que l’on découvre dans un arrangement pour petit ensemble instrumental de Douglas Brown, le livret (en langue russe) ayant été traduit en français et adapté (pour un spectacle d’une durée d’une petite heure) par le metteur en scène Jean-Philippe Delavault. Ancien assistant de Robert Carsen et membre de l’équipe artistique et dramaturgique du Châtelet depuis une demi-douzaine d’années, ce dernier signe - avec le concours de Sue Lecash (costumes), Caroline Ginet (décors) - une vraie féerie, pleine de tendresse, inspirée des images de Gustave Doré. L’institution alsacienne prouve une fois de plus qu’elle traite l’opéra pour enfants avec un sérieux et un soin qui ne peuvent contribuer à éveiller et former le goût des jeunes spectateurs.
Totalement engagés dans l’entreprise, les chanteurs de l’Opéra Studio donnent le meilleur d’eux-mêmes, à commencer par le Chat irrésistible de la mezzo Marie Cubaynes. Aussi volubile que sa barbe blanche est généreuse, Yuriy Tsiple campe un Roi impayable, qui finira par offrir la main de la Princesse (touchante Hanne Roos) à Jean, que Mark van Arsdale interprète avec la fraîcheur et la naïveté propres à l’esprit d’un conte. Au côté de Dimitri Pkhaladze (le Frère aîné), Rudi Fernandez-Cardenas est le Deuxième frère, avant d’endosser de manière très convaincante les habits de l’Ogre.
Excellente idée de Jean-Philippe de Delavaut, les enfants de la Maîtrise, qui incarnent les courtisans et paysans, sont costumés en chatons et s’intègrent parfaitement à une mise en scène très finement réglée – bravo à Thierry Kocher pour ses éclairages ! -, à laquelle Vincent Monteil apporte un contrepoint plein de relief à la tête des jeunes musiciens du Conservatoire. Et ce ne sont pas quelques problèmes d’intonation en début de représentation qui auront pu ternir le bonheur de savourer une production exemplaire en son genre. Il reste des occasions de découvrir le tendre ouvrage de Cui à Strasbourg et à Mulhouse l’année prochaine. Si l’une d’entre elles s’offre à vous, ne la manquez surtout pas !
Alain Cochard
Cui : Le Chat botté – Théâtre de Colmar, le 16 décembre (14h30) 2011. Prochaines représentations à Strasbourg (CMD) les 9, 10, 11, 12 et 13 janvier, puis à Mulhouse (La Sinne) les 17 et 18 février 2012 Rens. : www.operanationaldurhin.eu
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Photo : DR
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