De Monteverdi vraiment, Le Couronnement de Poppée ? Avec la mode d’aujourd’hui qui voudrait que ni Shakespeare ni Molière n’aient écrit leurs pièces, allez savoir. En tous cas, le livret de Busenello, déduit de Tacite, est un chef-d’œuvre de théâtre et la musique s’y plie tout entière, d’une qualité d’émotion, d’une beauté d’écriture qui font cet opéra absolument moderne.
Emmanuelle Haïm a de la suite dans les idées. Dans son fief lillois elle nous avait déjà offert en 2006 un très surprenant et très controversé Orfeo luxueusement distribué. Mais Orfeo est encore dépendant d’un genre ancien, madrigalesque en bonne part, que le théâtre à géométrie variable du Couronnement atomise.
Trouvera-t-elle ici la même verve poétique, entraînera-t-elle son Concert d’Astrée en des propositions aussi singulières ?

Le plateau étincelle déjà sur le papier. La Poppea de Sonya Yoncheva (photo) on en avait rêvé dès sa participation à Dardanus in loco, Ann Hallenberg devrait mettre beaucoup de noblesse à Ottavia, Et le Néron de Max-Emmanuel Cencic, quel défi ! Tim Mead en Ottone et Paul Whelan en Sénèque sont à découvrir absolument. Et dans les emplois buffo on note Rachid Ben Abdeslam en Nourrice mais aussi en Familier de Sénèque, et Emiliano Gonzalez Toro en Arnalta. Si l’on ajoute la Drusilla pure et élégante d’Amel Brahim-Djelloul, la Fortune d’Anna Wall, Aimery Lefèvre en Mercurio, Khatouna Gadelia en Valetto, la tête finit par nous tourner. Quelle équipe !

A la régie l’inventif Jean-François Sivadier dont le théâtre de tréteaux et de rideaux semble inventé pour l’action vive de l’œuvre. Immanquable.

Jean-Charles Hoffelé

Claudio Monteverdi : Le Couronnement de Poppée
Opéra de Lille, les 12, 14, 16, 18, 20, 22 mars 2012
www.opera-lille.fr

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Photo : Javier Del Real