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Le Crime de l’Orpheline au Théâtre du Ranelagh – Le Grand-Guignol n’est pas mort, il saigne encore ! – Compte-rendu
5 janvier 1963 : le Grand-Guignol, sis 7 cité Chaptal dans le 9ème arrondissement de Paris, fermait définitivement ses portes. Il avait connu son heure de gloire, de son ouverture en 1897 jusqu’au début des années 30, le cinéma parlant exerçant désormais sa concurrence redoutable... Mort l’esprit du Grand-Guignol ? Sûrement pas ! On s’en veut de vous en parler un peu tard mais, depuis le début avril, le Ranelagh a entrepris de le faire revivre grâce au Crime de l’Orpheline, spectacle de Florence Andrieu, Flannan Obé et Philippe Brocard, mis en scène par Philippe Lelièvre.
Un véritable ovni théâtral et musical dans l’actualité printanière des salles parisiennes : une chose est sûre, si vous souhaitez sortir des sentiers battus et passer une soirée atypique, il vous faut sans hésiter prendre la direction du charmant théâtre du Ranelagh, niché à quelques encablures de la Maison de la Radio.
Lieu intimiste, tout de bois vêtu, idéal pour un « Grand-Guignol musical » qui, comme le faisait en son temps la salle de la cité Chaptal, mise sur la proximité avec le public.
(de haut en bas) Flannan Obé et Florence Andrieu © Marie-Clémence David
Cocktail étonnant - et détonnant ! - que celui concocté par le quatuor Andrieu, Obé, Brocard et Lelièvre : du grand-guignolesque au sens plein du mot, excessif et sanguinolent comme il se doit, des passages mimés qui nous ramènent à l’univers du cinéma muet, un côté « par ici Mesdames et Messieurs ! » pour lequel les interprètes portent des tenues bien différentes de celles visibles sur les clichés ci-contre – non mais ... vous n’imaginez tout même pas que l’on va tout vous déflorer de ces 75 minutes de bonheur ! – et une partition pleine de clins d’œil et d’esprit.
Des ingrédients parfaits pour narrer les malheurs de Joséphine, pauvre orpheline sous le joug d’une vieille tutrice. Entre l’amour sincère du tendre Alfred et la concupiscence de ce méchant bourgeois de Rodolphe, la jeune fille est prise en étau. Et le talentueux duo formé par F. Andrieu et F. Obé de serrer joyeusement et fermement la vis, avec la complicité de l’excellente Delphine Dussaux ce 4 mai - la pianiste tient le clavier en alternance avec Philippe Brocard.
Le Crime de l’Orpheline n’est qu’imprévus, rebondissements, excès ; on rit, beaucoup, on est bluffé aussi par l’art de deux remarquables chanteurs-comédiens. L’un et l’autre ont eu l’occasion de collaborer avec Les Brigands, dans le délectable Phi-Phi mis en scène par Johanny Bert à l’Athénée (en 2010-2011) pour Florence Andrieu, de très nombreuses fois pour Flannan Obé, véritable pilier de la compagnie, qui montre ici toute sa palette expressive, puisqu’il est à la fois Alfred, Rodolphe et... Et ? Et bien, réponse jusqu’au 18 juin au Ranelagh, puis cet été à Avignon !
Alain Cochard
F. Andrieu, F. Obbé & P. Broccard : Le Crime de l’Orpheline, Grand-Guignol musical – Paris – Théâtre du Ranelagh, 4 mai. Jusqu’au 18 juin 2016 ( du mardi au samedi à 20h 30 et le dimanche à 17h, relâches les 20, 24, 29 mai et 11 juin). www.theatre-ranelagh.com/
Photo © Marie-Clémence David
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