L’affaire est réglée comme du papier à musique : chaque 13 du mois (à 19h30 !), la Piccola Scala fait place aux jeunes interprètes et à la création. Le rendez-vous de ce deuxième mercredi d’avril permettra d’y retrouver les archets de Virginie Dupont, Domitille Gilon, David Vainsot et Natacha Colmez-Collard, tous membres de l’Orchestre national d’Île-de-France mais aussi du Paris Urban Quartet (photo). Tandis que la collection Solo de l’Ondif (chez #NomadMusic) (1) confie sa seconde référence à cette formation dans des quatuors contemporains (conçus entre 2010 et 2019), les musiciens reprennent leur programme à l’identique à la Piccola Scala.
 
« La musique est de couleurs et de temps rythmés » : on ne peut que songer à la belle formule de Debussy en écoutant Feuilles d’eau de Silvacane de Camille Pépin, pièce de 2019, admirable de vie intérieure, inspirée, comme souvent chez la jeune compositrice française par l’univers pictural (une série de toiles de Fabienne Verdier en l’occurrence). En total contraste, le Quatuor n° 1 (2012) de Marc-André Dalbavie, d’un seul tenant lui aussi, ne séduit pas moins par sa tension et son frémissement mystérieux.
Des termes qui valent aussi pour la souvent très motorique Heavy Metal Machine (pièce créée au Festival de Montpellier en 2019) de Fabien Cali, œuvre d’un artiste venu de l’univers du rock. Une fois encore l’oppposition sera bien tranchée avec la partition à suivre : le Quatuor à cordes (2010) de Guillaume Connesson. Il clôt sur une humeur plutôt nostalgique un programme qui souligne la liberté d’inspiration de créateurs aux personnalités aussi affirmées et attachantes qu’étrangères à l’esprit de système.
 
Alain Cochard