Il en est parfois des orchestres comme de la Belle au bois dormant. Prenez l’Orchestre Symphonique de Pittsburgh, reclus depuis sa glorieuse ère avec William Steinberg dans un sommeil que ni le pourtant bouillonnant André Previn et moins encore le très académique Lorin Maazel n’avaient pu vaincre.

On le croyait définitivement prisonnier de Morphée, superbe instrument certes, mais jouant en quelque sorte à vide. Jusqu’à un beau jour de janvier 2007 où un chef d’orchestre déjà remarqué à Leipzig et à Oslo ne vienne réveiller le bel endormi. Ce chef, c’est Manfred Honeck (né en 1958) (photo), pur produit de la tradition viennoise, aficionado de Carlos Kleiber, qui en quelques saisons a métamorphosé la prestigieuse formation.

Au disque, ils se sont embarqués dans une intégrale des Symphonies de Mahler passionnante, d’un style parfait (1) et l’on enrage un peu qu’à l’occasion de la tournée européenne de l’Orchestre pour leur concert à Paris, ville justement tombée en « malherite », ils aient choisi un programme bien sage.

Certes une création commandée par l’Orchestre, Printemps silencieux de Steven Stucky, certes le Concerto pour violon de Sibelius, avec cerise sur le gâteau, Nikolai Znaïder, mais enfin, une énième “Nouveau Monde“ de Dvorak alors qu’on espérait tant la “Titan“ ou la 5e de Mahler. Vraiment… et dire que Barcelone ou Madrid auront, elles !, la “Résurrection“! Zut alors !

Vous trouvez qu’on ratiocine ? Vous avez raison, alors allez, Mahler ou pas, découvrir Pittsburgh-Honeck, attelage parfait dont on reparlera souvent.

Jean-Charles Hoffelé

(1) Le cycle Mahler-Pittsburgh-Honeck compte déjà (sous le label Exton) cinq volumes consacrés au cinq premières symphonies. Vous devez en tous cas entendre les 3e, 4e et 5e, proposées dans des relectures aussi drastiques que passionnantes.

Orchestre Symphonique de Pittsburg, dir. Manfred Honeck
Œuvres de Sibelius et Dvorak
5 novembre 2012 – 20h
Paris - Salle Pleyel
www.sallepleyel.fr

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Photo : Jason Cohn