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Le Requiem de Fauré au Festival de Saint-Denis - La longue histoire du Requiem
Soirée fauréenne que celle du 20 juin ! Tandis que le Théâtre des Champs-Elysées joue la carte de la découverte et programme une version de concert de Pénélope (1), Poème lyrique en trois actes, sous la baguette de Fayçal Karoui, avec Anna Caterina Antonacci et Roberto Alagna dans les rôles principaux, le Festival de Saint-Denis propose l’une des œuvres les plus fameuses de Gabriel Fauré (1845-1924), le Requiem, sous la direction de Sofi Jeannin.
Un opus archi-célèbre ? Certes, mais on oublie parfois que l’histoire du Requiem s’apparente à un véritable feuilleton. Tout commence au milieu des années 1860 alors que Fauré accompagne régulièrement des enterrements à l’orgue. Il se lasse de toute une lourdeur musicale imposée par la mort et décide en 1887 de composer un ouvrage conforme à ses vœux. « La mort est une délivrance heureuse, une aspiration au bonheur », dit-il pour expliquer le caractère singulier de sa messe des morts ; l’une des premières à être écrite dans un esprit d’apaisement et non pas de souffrance. Point de Dies Irae, séquence apocalyptique jusque-là indispensable, rendez-vous compte !
Le Requiem de Fauré va connaître trois versions. Donnée pour les obsèques d’un paroissien, en l’église de la Madeleine à Paris le 16 janvier 1888, la première présente une instrumentation de couleur angélique : on entend des cordes, une harpe, des timbales et l’orgue. Fauré lui-même dirige et, à cette occasion, présente au public un garçon de dix ans qui chante le touchant solo du Pie Jesu. Il s’agit Louis Aubert, futur compositeur et pianiste - que l’on retrouvera en 1911 pour la création anonyme des Valses nobles et sentimentales de Ravel !
Le 28 janvier 1892, à l’église Saint-Gervais, on découvre une nouvelle mouture de l’ouvrage : Fauré a ajouté l’Offertoire et le Libera me, pour baryton solo, et intégré des cuivres à sa partition.
Il faudra attendre 1899 - et passer par des discussions acharnées entre Fauré et l’éditeur Julien Hamelle à propos de l’orchestration - pour enfin en arriver à la dernière version, que l’on entend le plus souvent désormais, un Requiem symphonique. Il est d’abord présenté à Lille, puis Paris pour l’Exposition Universelle de 1900 ou encore Bruxelles. Les critiques apprécient « sa simplicité et son raffinement », même si certains y voient trop de « demi-teintes et d’ombres légères ».
Du côté des confrères, les avis sont partagés. Camille Saint-Saëns, lui, adore car il voit en Fauré un complice avec qui il peut faire évoluer la musique d’église – les deux compositeurs se connaissent il est vrai depuis le temps de l’Ecole Niedermeyer… A l’opposé, Francis Poulenc aura plus tard des mots très sévères envers un partition éloignée de sa sensibilité – « c’est un vrai supplice pour moi que de l’entendre », avouait-il. Quant à Fauré, il justifiait sa démarche en expliquant que Dieu est avant tout « un gigantesque synonyme du mot Amour ». Une approche de la religion qui fait débat aujourd’hui encore et ne peut que nous pousser à redécouvrir le Requiem, le 20 juin, sous les voûtes de la basilique cathédrale. A la tête de la Maîtrise et de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, Sofi Jeannin aura à ses côtés la soprano Sophie Karthäuser et le baryton Alexandre Duhamel.
Gabrielle Oliveira Guyon
(1) Créé le 4 mars 1913 à l’Opéra de Monte-Carlo, Pénélope fait partie des ouvrages donnés au Théâtre des Champs-Elysées en 1913.
Orchestre Philharmonique et Maîtrise de Radio France, dir. Sofi Jeannin
Sophie Karthauser (sop.) et Alexandre Duhamel (baryton)
20 juin 2013 – 20h30
Saint-Denis – Basilique Cathédrale
www.festival-saint-denis.com
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Photo : Tully Potter Collection/DR
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