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Le Requiem de Fauré sous la direction de Laurence Equilbey au Grand Théâtre de Provence – In Paradisum – Compte-rendu

 
 

Entre La Seine Musicale les 15 et 16 février derniers et le Festival des Arts de Hong-Kong le 23 février, le chœur Accentus, Insula Orchestra et Laurence Equilbey (photo) ont fait escale à Aix-en-Provence pour y donner le Requiem de Fauré. Un moment rare d’intense spiritualité. Fondé par Laurence Equilbey il y a trente ans, le chœur Accentus vit une saison anniversaire dont le point d’orgue se situera dans quelques jours, du 12 au 18 mars, avec le programme « 30 ans ! » donné au Printemps des Arts de Monte-Carlo, à Metz (Arsenal), à Paris (Philharmonie) et à Boulogne Billancourt (Seine Musicale). Un anniversaire fêté aussi à Aix-en-Provence, où Laurence Equilbey est artiste invitée du Grand Théâtre de Provence depuis 2007, année de l’ouverture de la salle, et ce en compagnie d’Accentus et d’Insula Orchestra. Des artistes dont la fidélité a été soulignée sur la scène aixoise par le directeur du lieu Dominique Bluzet.
 
Avec l’oratorio Saint-François d’Assise de Gounod et le Requiem de Fauré, les interprètes ont fait battre les cœurs et s’élever les esprits dans une communion totale entre la salle, archicomble, et la scène ; nous en voulons pour preuve la qualité et la densité du silence respecté pendant ce concert. Il faut dire que les œuvres choisies comptent au rang des chefs-d’œuvre de la musique sacrée. Deux ans avant sa mort, Gounod a composé son oratorio sous forme d’un dialogue entre Saint-François d’Assise mourant et le Christ crucifié ; une partition envoûtante, toute de lyrisme maîtrisé et d’apaisement, servie avec nuances et délicatesse par le ténor Amitaï Pati et le Baryton Samuel Hasselhorn, les deux particulièrement à l’aise dans ce répertoire avant l’extrême beauté du chœur final détaillé par les voix d’Accentus avec la classe et la précision qui sont la marque de fabrique de cet ensemble. Délicatesse, beauté et spiritualité mises en lumière par la direction de Laurence Equilbey à la tête d’un Insula Orchestra en très belle forme.
 

© DR
 
Des qualités exploitées ensuite pour le Requiem de Fauré, tout d’apaisement et de ferveur. Fauré tourne ici le dos à la grandiloquence et aux accents teintés des couleurs flamboyantes du jugement dernier pour entrer dans une intimité paisible mais non dénuée de puissance et de spiritualité. Maître de chœur à la Madeleine, le compositeur réserve ses plus belles inspirations aux ensembles vocaux y adjoignant une orchestration elle aussi riche et délicate, le tout mis en majesté par Laurence Equilbey et ses troupes. Sans oublier les parties de solistes avec Amitaï Pati et Samuel Hasselhorn rejoints par Lenny Bardet, soliste soprano enfant de la Maîtrise des Bouches du Rhône. Le jeune garçon, qui travaille à Marseille sous la direction de Samuel Coquard a fait preuve de qualités certaines dans le contexte difficile d’une grande salle empli d’un millier de spectateurs.
Redescendus sur terre, ces derniers ont salué avec enthousiasme les interprètes, Laurence Equilbey acceptant alors de redonner le In Paradisum en bis, chose rarissime après un Requiem. Mais il faut avouer que retrouver ce paradis musical là était un grand bonheur…

 
Michel Egéa

 Aix en Provence, Grand Théâtre de Provence, 17 février 2023
 
Photo © Jana Jocif

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