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Le Temps d’Aimer la danse 2024 (Biarritz) – Dans les temps

 
 

Il est toujours temps avec le Temps d’Aimer, ce festival-galerie qui depuis 1990 permet aux amateurs de danse en tout genre de creuser leur approche, de l’élargir, de se poser des questions, parfois de les résoudre, et souvent, de jubiler. Car l’ambiance est ici jouissive, ardente, et la manifestation explosive, dans sa façon décontractée de toucher à tous les genres.

Qu’on imagine : outre la fameuse Gigabarre, qui permet à tout un chacun de faire sa barre face à l’océan, on peut repartir avec une bande dessinée consacrée à l’Histoire de la Danse, signée Laura Cappelle (1), ou avec le charmant album jeunesse d’Isabelle Calabre, Moi aussi je danse le quadrille (2), assister à des répétitions publiques sur les places, notamment celles du CCN de Rennes et de Bretagne et du CCN de Nantes, courir le pays basque car l’aire de jeux s’est agrandie, visiter l’Exposition qui évoque les 40 ans des Centres Chorégraphiques Français, offrir des ateliers aux enfants, retrouver les fortes racines locales d’une région qui danse éperdument, notamment avec le collectif Biloka Kolektiboa et le fameux Kukaï Dantza.
 

CCN Ballet national de Marseille - La Horde. One Of Four Periods InTime ©Théo_Giacometti 

La vie de la danse, dans tous ses états, et évidemment, une galaxie de spectacles les plus hétéroclites où paraissent nombre de formes, de groupes et de thèmes variés, que ce soit dans la folie déchaînée de la Horde, désormais Ballet National de Marseille, ou des coups de reins des tangos de Piazzolla, revisités par le Ballet de l’Opéra de Metz. On est allé plus encore à la rencontre de la dernière pousse de la chorégraphie française, Martin Harriague, récemment nommé à la direction du Ballet de l’Opéra Grand Avignon. On s’énerve ou on s’emballe, on découvre, on s’étonne, on est charmé ou interloqué, souvent séduit et on s’émerveille cette année de la venue des Ballets de Monte Carlo (photo), avec une pièce qu’on ose qualifier de chef d’œuvre, La Mégère apprivoisée de Jean Christophe Maillot, vision à la fois pétillante et troublante du chef d’œuvre de Shakespeare, que le brillant chorégraphe créa pour le Bolchoï moscovite (dont il l’a retirée en raison de la guerre d’Ukraine).
 
Peu d’œuvres narratives de ce niveau ont vu le jour ces dernières années sous nos horizons, à l’exception de quelques pièces maîtresses de Thierry Malandain, comme La Belle et la Bête – récemment Les Saisons, pure merveille, étant plus oniriques. Ici, l’académicien de fraîche date, directeur artistique du Festival, et maître de sa belle compagnie, maintient sa vision curieuse et passionnée de tout ce que la danse peut exprimer. Grâce à lui, le temple du surf et des mouchous est devenu la deuxième capitale chorégraphique de la France, avec Lyon, bien évidemment. Un temps incontournable que ce foisonnement de gestes, de folies corporelles, d’esthétiques et souvent de beauté, pour le meilleur.
 
Jacqueline Thuilleux

 

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Festival Le Temps d’Aimer la danse
Biarritz et sa région, jusqu’au 16 septembre 2024. www.letempsdaimer.com
 
(1) Une Histoire dessinée de la Danse, par Laura Cappelle et Thomas Gilbert, Editions du Seuil
 
(2) Moi aussi je danse le quadrille, par Isabelle Calabre, Caraibeditions
 

Photo ©  

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