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Le Vaisseau fantôme à l’Opéra Bastille – L’Eternel retour – Compte-rendu
Le Vaisseau fantôme à l’Opéra Bastille – L’Eternel retour – Compte-rendu
À Bayreuth, cet été, pour incarner le Wotan de la Walkyrie durant un Ring de transition où furent testés les potentiels interprètes de la Tétralogie 2022 (mise en scène Valentin Schwarz), Tomasz Konieczny (photo) remplaça Günther Groissböck initialement prévu. C’est donc avec intérêt que l’on a entendu, à Bastille, le face à face de ces deux interprètes choisis pour la reprise du Vaisseau de Willy Decker ; Konieczny étant le Hollandais et Groissböck incarnant Daland. Les couleurs de ce dernier sont claires, mais trop discrètes tandis qu’elles s’avèrent volcaniques chez la basse polonaise dont l’airain et l’argent imposent d’emblée un superbe « Die Frist ist um ».
Ricarda Merbeth (Senta) et Tomas
Madame Merbeth, qui chante Senta sur de nombreuses scènes, possède le rôle comme peu. L’instrument n’est ni trop tendu ni trop âpre, les aigus cinglants mais sans agressivité. L’ensemble reste un régal sonore. En revanche le jeu scénique est problématique. Elektra caricaturale pour Michel Fau à Toulouse, elle continue à imposer une gestuelle maladroite. Erik souffre des mêmes difficultés. Michael Weinius, ténor honnête, fait le job sans parvenir à susciter la moindre compassion. Ce sont les seuls bémols d’une production devenue l’un des heureux classiques de l’Opéra de Paris.
Madame Merbeth, qui chante Senta sur de nombreuses scènes, possède le rôle comme peu. L’instrument n’est ni trop tendu ni trop âpre, les aigus cinglants mais sans agressivité. L’ensemble reste un régal sonore. En revanche le jeu scénique est problématique. Elektra caricaturale pour Michel Fau à Toulouse, elle continue à imposer une gestuelle maladroite. Erik souffre des mêmes difficultés. Michael Weinius, ténor honnête, fait le job sans parvenir à susciter la moindre compassion. Ce sont les seuls bémols d’une production devenue l’un des heureux classiques de l’Opéra de Paris.
Ricarda Meberth (Senta), Chœur de l'Opéra de Paris © Elisa Haberer-OnP
On retrouve l’esthétisme chic de Willy Decker, avec son décor déstructuré et les litotes visuelles de la mer et des fantômes errants. L’immense porte ouvrant sur l’ailleurs fait du Hollandais une allégorie de l’Étranger dont l’ombre projetée inquiète tout autant que la silhouette du Nosferatu de Murnau qui en est la référence. Quant à l’image ultime, elle offre une version habile de cet éternel retour qui hante le tragique wagnérien.
On retrouve l’esthétisme chic de Willy Decker, avec son décor déstructuré et les litotes visuelles de la mer et des fantômes errants. L’immense porte ouvrant sur l’ailleurs fait du Hollandais une allégorie de l’Étranger dont l’ombre projetée inquiète tout autant que la silhouette du Nosferatu de Murnau qui en est la référence. Quant à l’image ultime, elle offre une version habile de cet éternel retour qui hante le tragique wagnérien.
Hannu Lintu © Veiko Kahkonen
Ces suggestions poétiques, sans surchauffe neurale, continuent d’intéresser durant les deux heures vingt jouées d’un trait et où les masses chorales de l’Opéra de Paris, personnage central, soulèvent un enthousiasme croissant. Ching-Lien Wu, cheffe des chœurs, accomplit un travail millimétré dont la précision et la netteté explosent au troisième acte. En fosse, Hannu Lintu dirige un Wagner fringuant et sans lourdeur, mais qui mériterait davantage d’audace et de passion, deux atouts que possède Tomasz Konieczny, la révélation de cette reprise et sans doute la star de bien des Wagner à venir.
Vincent Borel
Ces suggestions poétiques, sans surchauffe neurale, continuent d’intéresser durant les deux heures vingt jouées d’un trait et où les masses chorales de l’Opéra de Paris, personnage central, soulèvent un enthousiasme croissant. Ching-Lien Wu, cheffe des chœurs, accomplit un travail millimétré dont la précision et la netteté explosent au troisième acte. En fosse, Hannu Lintu dirige un Wagner fringuant et sans lourdeur, mais qui mériterait davantage d’audace et de passion, deux atouts que possède Tomasz Konieczny, la révélation de cette reprise et sans doute la star de bien des Wagner à venir.
Vincent Borel
Wagner : Le Vaisseau fantôme – Paris, Opéra Bastille, 25 octobre ; prochaines représentations les 28 et 31 octobre, 3 et 6 novembre 2021
www.operadeparis.fr/saison-21-22/opera/le-vaisseau-fantome#calendar
Photo © © Elisa Haberer-OnP
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