Journal

Le Viol de Lucrèce à Angers-Nantes Opéra - Viol étrusque


Britten, furieux du retrait de Peter Grimes par le Sadler’s Wells, décida de créer son propre théâtre lyrique. Impossible, évidement. Alors il plia ses moyens aux dimensions de salles plus modestes, petits théâtres à la Glyndebourne, et pourquoi pas églises et chapelles qui lui inspireront plus tard les Paraboles. Ce rêve d’un théâtre en somme ambulant, Ernest Ansermet et Ramuz l’avaient réalisé avec le spectacle itinérant de L’Histoire du Soldat dicté par les conditions économiques désastreuses de la première guerre mondiale qui avait isolé la Suisse. Britten pensa naturellement au chef helvète, qui s’engagea activement dans la création de l’œuvre. Mais The Rape of Lucretia rencontra dans sa première interprète, Kathleen Ferrier, une perfection de l’émotion qui mit la barre très haut. Depuis, seule Janet Baker a retrouvé ce ton si particulier, nostalgique jusque dans le drame.

La modestie des effectifs finit par rendre Le Viol de Lucrèce populaire auprès des maisons d’opéra qui osent y distribuer de jeunes chanteurs, mais si Britten écrit pour peu il en exige beaucoup. Angers Nantes Opéra relève le défi. L’excellent Mark Shanahan guidera de sa main experte et inspirée le petit orchestre, Carlos Wagner dont on se souvient de l’excellent Rake’s Progress, sera à la régie et Claude Cortèse (Administrateur artistique d’ANO), en vrai connaisseur, confie Lucrèce à Delphine Galou, jeune étoile montante. Distribution assortie, avec une perle annoncée, le Chœur féminin selon Judith van Wanroij. Immanquable.

Jean-Charles Hoffelé

Britten : Le Viol de Lucrèce

Angers Nantes Opéra

Nantes, Théâtre Graslin, les 14, 18, 20 et 22 janvier

Angers, Grand Théâtre, les 28, 30 janvier et le 1er février

www.angers-nantes-opera.com

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles d'Alain Cochard

Photo : DR

Partager par emailImprimer

Derniers articles