L’engouement dont bénéficie depuis longtemps maintenant la musique ancienne et baroque a été la source d’un mouvement de redécouverte riche en exhumations et en mises en perspective passionnantes. Le travail mené par une institution telle que le Centre de Musique Baroque de Versailles en est un bel exemple. Mais il reste beaucoup à faire pour la musique de la fin du XVIIIe siècle et du XIXe siècle qui, quand on l’aborde en profondeur, dévoile un panorama infiniment plus complexe et nuancé que les quelques grands noms et ouvrages phares auxquels on la réduit souvent.

C’est à cette entreprise que se dédie le Centre de musique romantique française dont l’inauguration officielle a lieu les 3 et 4 octobre. Voilà nos migraines récompensées, pourrait-on dire sur le mode humoristique. On doit en effet à Nicole Bru, ancienne propriétaire des laboratoires Upsa, la création en 2005 de la Fondation Bru, qui a permis au Centre de musique romantique française de voir le jour.

Personnellement très attachée à Venise, tout comme son mari Jean disparu en 1989, Nicole Bru a souhaité y développer un projet ambitieux mêlant défense du patrimoine architectural de la Sérénissime et musique. Restauré avec soin, l’ancien Casino Zane (un bâtiment de la toute fin du Seicento) se nomme désormais Palazzetto Bru Zane et héberge le Centre de musique romantique française.

Des artistes tels que Hervé Niquet ont beaucoup conseillé la mécène dans la mise sur pied d’une institution dont la direction générale à été confiée à Olivier Lexa, entouré d’Alexandre Dratwicki (directeur scientifique) et Benoît Dratwicki (directeur artistique).

La tâche est vaste pour le Palazetto, dont le champ d’action se situe entre 1780 et 1920, à la fois dans le domaine des concerts et celui de la recherche musicologique. Redécouverte d’œuvres méconnues de compositeurs célèbres, réhabilitation d’auteurs oubliés : de belles surprises attendent à n’en pas douter le mélomane, qui profitera des initiatives du Centre même éloigné de Venise. 27 concerts y auront lieu cette saison, mais de la France (nombre de soirées de l’Opéra Comique, l’un des partenaires du Palazzetto) à Singapour en passant par la Suisse ou la Pologne une dizaine de pays sont également concernés et prouvent que l’entreprise ne se réduit pas à une dimension franco-italienne.

A deux pas du Palazzetto, la Scuola grande San Giovanni Evangelista accueille les deux concerts inauguraux de la saison du Centre de musique romantique, l’un avec le Concerto Köln et Alain Planès, l’autre avec Les Musiciens du Louvre-Grenoble et Marc Minkowski. L’affiche de la saison est toutefois loin de jouer uniquement la carte des ensembles et artistes connus. L’ouverture de la programmation à de jeunes interprètes tels que Raphaël Chrétien, Kareen Durant, Romain Descharmes, David Violi ou le Quatuor Satie mérite ainsi d’être saluée.

Une belle aventure, à suivre de près.

Alain Cochard

Pour en savoir plus sur la progammation du Palazzetto Bru Zane :
www.bru-zane.com

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Photo : DR