Un jeune choeur vient de naître en France : l'Ensemble Allegri, fondé et dirigé par Jean-Marie Puissant qui fut, entre autres activités, l'assistant de William Christie aux Arts Florissants. En tout cas, le premier concert de la formation laisse bien augurer de l'avenir, qui tournait à la célébration baroque, en l'église Saint-Germain-des-Prés, avec le concours de l'experte Elodie Marchal Raimond à l'orgue.

Trois polyphonies de Palestrina y étaient d'abord programmées en guise de préambule, preuve du renouveau musical apporté par la Réforme tridentine, au coeur du XVIème siècle. Dans ces pages emblématiques, les nouveaux venus optent pour une approche solistisante qui se fait le miroir du texte (Sicut cervus desiderat). De même, dans le jardin précieux des miniatures monteverdiennes, l'auditoire est tout au bonheur d'un verbe libéré, avec un vrai joyau cantabile: ce Venite, venite pour 2 sopranos, tiré d'une compilation de 1624 et dont la douce insistance oratoire - modèle de grâce et de dévotion - est comme la signature du Crémonais.

Dès lors, la partie est gagnée, que conforte la lecture du fameux Miserere d'Allegri, ce faux-bourdon mystique et charmeur pour 9 voix divisées en 2 choeurs. Exclusivité des Chantres de la Chapelle Sixtine lors des liturgies de la Semaine Sainte, cette oeuvre ineffable suscita un tel engouement aux XVIIème et XVIIIème siècles que le pape en vint à menacer d'excommunication quiconque en copierait frauduleusement la musique (mais, comme l'on sait, Mozart contourna l'interdit en restituant l'oeuvre de mémoire après l'avoir entendue une seule fois, dit la petite histoire).

Enfin, l'impressionnant Stabat Mater à 10 voix où Domenico Scarlatti revient significativement au contrepoint du stile antico, était plébiscité par un public plus sensible aux choix expressifs et dynamiques de Jean-Marie Puissant et à la ferveur de ses choristes qu'à quelques petites défaillances techniques. Il n'empêche : ledit Stabat est un chef-d'oeuvre et le plus stimulant des tests pour le savoir-faire d'Allegri.
Tel quel, dossier à suivre, cela va sans dire...

Roger Tellart

Paris, Eglise Saint-Germain-des-Près, 26 juillet 2011.



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Rens. : www.latoisondart.com

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