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Les Noces de Figaro selon Netia Jones à l’Opéra de Paris – Victoire des femmes ? une autre fois – Compte rendu
© Vincent Pontet - OnP
Dans la fosse, Gustavo Dudamel opte pour des tempos rapides, qui dépouillent certains airs de leur sensualité (« Deh ! vieni, non tardar ») et qui retirent de sa magie au pardon de la comtesse, mais sa direction conduit les ensembles de manière implacable, et réussit quelques instants de grâce comme le duo « Sull’aria ». Peut-être ce Mozart tout droit, quasiment sans ornements dans les reprises, n’est-il pas le répertoire où le chef est le plus attendu. Et comment accepter encore la coupure « traditionnelle » de l’air de Marceline, surtout pour une production féminine/féministe ? Comment la projection de quelques phrases tirées de son monologue dans la pièce de Beaumarchais pourrait-elle s’y substituer ? Du reste, en cette deuxième représentation, le personnage est décidément sacrifié, puisque Mme Röschmann garde le masque d’un bout à l’autre de la soirée. L’air de Basile passe lui aussi à la trappe, mais on s’en console aisément tant le timbre de Michael Colvin est ingrat.
Gustavo Dudamel © Elisa Haberer - OnP
Victoire des femmes ? Rien n’est moins sûr. Déception lorsqu’un porte-parole vient annoncer que Lea Desandre, qu’on se faisait une fête d’entendre en Chérubin, sera incarnée sur scène par Marguerite Borie et chantée par Chloé Briot, qu’on remercie néanmoins de sauver la représentation. Ying Fang, initialement prévue en Suzanne, a fait faux bon tellement in extremis que sa remplaçante Anna El-Khashem n’a même pas droit à une biographie rajoutée dans le programme. La soprano née à Saint-Pétersbourg est une Suzanne charmante, mais que l’on entend bien mieux lorsqu’elle peut enfin chanter à l’avant-scène, au dernier acte. Quant à Maria Bengtsson, si elle est excellente comédienne – voir ses mimiques à l’acte II – sa voix ne se projette vraiment que dans les airs, et devient souvent confidentielle dans le récitatif, « Porgi, amor » révélant des tensions dans l’aigu, heureusement résolue pour « Dove sono ».
Victoire des hommes, à l’inverse, avec deux pointures internationales : Peter Mattei, comte délicieusement blasé, superbement ridicule au deuxième acte (ah, le gag de la perceuse !) et magnifiquement en voix durant toute la représentation ; et Luca Pisaroni, lui aussi remplaçant au pied levé, Adam Palka ayant dû renoncer à la production, Figaro d’une aisance diabolique tant comme comédien que comme chanteur, d’un naturel confondant. James Creswell est un Bartolo aux graves mordants, et on se réjouit qu’une personnalité comme Christophe Mortagne fasse enfin ses débuts sur notre scène nationale.
Laurent Bury
Photo © Vincent Pontet - Vincert Pontet-OnP
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