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Les Pêcheurs de perles en version de concert par l’Orchestre national de Lille au Théâtre des Champs-Élysées - Perles vocales - Compte-rendu
Dans la série « Les Grandes Voix », la version de concert (1) des Pêcheurs de perles fait le plein dans un Théâtre des Champs-Élysées bondé. Il est vrai que de grandes voix, cette exécution ne manque certes pas, mais plus précisément de voix adaptées au caractère spécifique de l’un des tous premiers chefs-d’œuvre lyriques de Bizet. Se retrouve ainsi un trio vocal de premier choix, puisé au meilleur du chant français actuel.
Julie Fuchs incarne une Leila sensible, au faîte de son soprano ductile, en dépit de premières rudesses vite estompées. Un rôle que sa prestance physique devrait bientôt faire triompher à la scène. Cyrille Dubois correspond idéalement à la technique que nécessite Nadir, ténor mixte, ou haute-contre à la française (son contre-Ut en voix de tête pour sa célèbre romance « Je crois entendre encore »), dont le style fait mouche et merveille. Le Nadir du moment, qui n’attendait que cette prise de rôle. Florian Sempey présente un Zurga profond et expressif, digne de ce rôle caractérisé. Et digne des bravos martelés qui saluent nos trois héros de la soirée. Luc Bertin-Hugault ne dépare pas, Nourabad fermement lancé.
Au grand complet, l’Orchestre national de Lille ne manque pas d’engagement, tout comme le chœur Les Cris de Paris, ce dernier préparé par Geoffroy Jourdain. Mais l’un et l’autre sans toujours la subtilité espérée. Est-ce dû à ce sureffectif imposant, ou à la battue énergique, mais par trop entière, d’Alexandre Bloch ?... Ou alors à la battue, tout aussi énergique, du timbalier placé en un fond de plateau qui projette brutalement ses frappes percussives ?... Toujours est-il que la sensibilité rêveuse, indissociable de cet ouvrage de petit format d’un tout jeune Bizet inspiré et déjà génial, se fait parfois arrachée côté soutien instrumental et choral. Les passages tempétueux des scènes finales, dans cette version fidèle à la récente édition de la partition originale de 1863, sonnent avec une vigueur plus appropriée. Correspondant mieux à la vigueur de la direction musicale.
Pierre-René Serna
(1) concert parisien qui faisait suite à une première exécution de l’ouvrage, avec la même distribution, au Nouveau Siècle de Lille, le 10 mai
Bizet : Les Pêcheurs de perles (version de concert)– Théâtre des Champs-Élysées, Paris, 12 mai 2017.
Photo © Ugo Ponte
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