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Les Révélations Classiques de l’Adami au Festival de Prades - Vers l’avenir - Compte-rendu
Chaque 3 août en fin d’après-midi, le public du Festival de Prades a rendez-vous dans la belle église du petit village de Catllar pour découvrir la nouvelle « promo » des Révélations classiques de l’Adami. Une fois de plus, Sonia Nigoghossian et Françoise Petro, directrices artistiques enthousiastes et avisées, ont su composer une brochette de talents, instrumentaux et vocaux, de très haut niveau. Ils ne sont certes pas tous des révélations stricto sensu, ergoteront certains, mais leur présence souligne l’importance et la pertinence de la mission de l’Association artistique de l’Adami.
Chacun des artistes sélectionnés dispose d’une dizaine de minutes pour faire montre de ses qualités : c’est peu, d’autant que l’on démarre « à froid », et de ce fait très instructif pour l’auditeur.
Parmi les derniers élèves de Brigitte Engerer, Sélim Mazari ouvre le concert avec deux Romances sans paroles issues de l’Opus 67 de Mendelssohn. D’emblée l’interprète trouve le caractère requis et une parfaite fluidité dans le n°4, la célèbre « Fileuse », tandis que le n°2 se déploie ensuite avec un lyrisme noblement contenu. Suit la redoutable Toccata de Prokofiev que le jeune virtuose déploie avec un aplomb, une rigueur rythmique et une concentration du geste et du son admirables.
On n’a pas finit d’entendre parler de Sélim Mazari, tout comme du violoncelliste Edgar Moreau (déjà très remarqué à l’Académie Ravel de Saint-Jean-de-Luz l’an dernier, où il débarquait à 17 ans avec rien moins qu’un Deuxième Prix du Concours Tchaïkovski de Moscou en poche) que le pianiste accompagne. Virtuosité et poésie sont des alliées de chaque instant chez l’ancien élève de Philippe Muller. Enlevées avec une bluffante maestria, les redoutables Variations sur la corde de la de Paganini étincellent et chantent avec un feu et un charme irrésistibles. De charme, la transcription d’Après un rêve de Fauré n’en manque pas non plus. Et avec quelle touchante complicité Mazari se fait-il le complice du lyrisme raffiné de cet archet… Deux futures stars du classique en plein envol.
Fraîcheur, subtilité caractérisent le jeu de la flûtiste Mathilde Calderini. On mesure toute la richesse de sa sonorité, la pureté de son émission dans Syrinx de Debussy, que l’artiste enchante littéralement, avant de se lancer dans la Fantaisie en mi mineur de Fauré dont elle cultive les contrastes et l’atmosphère fin de siècle sans céder à la mièvrerie, impeccablement secondée par Emmanuel Normand, remarquable musicien et fidèle accompagnateur des Révélations de l’Adami depuis des années.
La présence d’un pianiste d’une telle précision et d’un tel sang froid est un atout précieux lorsqu’il s’agit, comme c’est le cas de la violoniste Solène Païdassi, de défendre les très paganiniens Caprices op 40 de Szymanowski. Le Premier Prix du Concours Long-Thibaud 2010 se lance dans le périlleux triptyque du Polonais avec une énergie farouche et assume pleinement de sacrées prises de risques.
Les quatre Révélations instrumentales auraient dû, c’est la coutume, se produire aux côtés de quatre chanteurs. Ceux-ci n’auront été que trois : une chute malencontreuse moins d’une heure avant le concert a effet hélas empêché la mezzo Eve-Maud Hubeaux d’y participer.
Premier à entrer en scène, le baryton Benjamin Mayenobe aborde le récit et air d’Hamlet « Ô séjour du néant ! …», tiré de l’ouvrage d’A. Thomas, avec une belle et sombre autorité, avant de montrer tout son sens la comédie et du rythme dans l’air de Figaro « They wish they could kill me » (The Ghosts of Versailles de Corigliano).
On perçoit un très beau potentiel vocal et scénique aussi chez le ténor Florian Cafiero dont la richesse de timbre et la qualité d’articulation réussissent à l’air d’Eléazar « Rachel quand du Seigneur… » (La Juive) autant qu’au « Parigi è la citta dei desideri » (La Rondine).
Côté voix, la palme du charme et de la séduction revient toutefois, en conclusion du concert, à la soprano Magali Arnault Stanczak, d’une homogénéité parfaite et d’une aisance fabuleuse – mais jamais platement démonstrative - dans l’aigu. La vibrante poésie, la sensualité de l’air de Melissa « Ah, spiegato… » (Amadigi di Gaula) fait littéralement « craquer » l’auditoire, avant que l’interprète ne s’empare du virtuose « Ombre légère… » (Le Pardon de Ploërmel de Meyerbeer). Sa virtuosité et son chic n’y ont d’égal qu’un « second degré » très bienvenu dans un répertoire qui a compté – jadis…
Alain Cochard
Cattlar, église, 3 août 2012
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Photo : Thomas Barthel
De gauche à droite : Edgar Moreau (violoncelle), Benjamin Mayenobe (baryton), Magali Arnault Stanczak (soprano), Florian Cafiero (ténor), Solène Païdassi (violon), Mathilde Calderini (flûte), Sélim Mazari (piano)
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