Journal
The Lighthouse de Peter Maxwell Davies au théâtre de l’Athénée – Huis clos lyrique
La musique britannique demeure trop méconnue de ce côté-ci du Channel où l’ânerie consistant à imaginer qu’il n’y a « rien entre Purcell et Britten » est encore bien ancrée dans certains esprits dont, hélas !, ceux de pas mal de programmateurs. Un cycle Elgar ou Vaughan Williams plutôt qu’une série Mahler ou Bruckner relève presque encore de la science-fiction, il faut malheureusement en convenir ... Quant à l’après-Britten, le bilan n’est pas particulièrement brillant non plus. Mais on relève heureusement des exceptions et des propositions audacieuses, telle celle du théâtre de l’Athénée qui accueille, du 21 au 28 avril, une production de The Lighthouse (Le Phare) de Peter Maxwell Davies (1934-2016), fruit de la collaboration l’Ensemble Ars Nova et de la compagnie de théâtre musical La Grande Fugue.
© La Grande Fugue
Ecossais, le compositeur s’est justement appuyé sur un fait divers écossais pour écrire le livret et composer cet opéra de chambre en un acte (pour trois voix masculines et 12 instruments) dont la création a eu lieu le 2 septembre 1980 à Edimbourg. Les représentations de l’Athénée permettront la découverte d’une partition étonnante, inspirée par la disparition mystérieuse de trois gardiens de phare des Îles Flannan en 1900. Entre enquête policière et fantasmagorie, avec de nombreuses références au tarot pour pimenter le tout, The Lighthouse plonge le spectateur dans un prenant et troublant huis clos lyrique dont on a pu juger de l’efficacité lors d’une avant-première à Choisy-le-Roi en novembre dernier. (1)
A la mise en scène, Alain Patiès, bien aidé par la sobre scénographie de Laure Satgé et Valentine de Garidel, a su parfaitement saisir – et exacerber ! – l’atmosphère étrange d’une œuvre que l’on imagine très à sa place dans le cadre intimiste de l’Athénée.
Mais c’est d’abord sur la fantastique implication des trois chanteurs comédiens que repose la réussite. Paul Alexandre Dubois (baryton), qui avait assuré – et de quelle fabuleuse et radicale façon ! – la création française en mars 2014 à la Péniche Opéra des Eight Songs for a Mad King de Peter Maxwell Davies (2) –, est à l’affiche, aux côté du ténor Christophe Crapez et de la jeune basse Nathanaël Kahn, tout aussi engagés. Bluffant trio !
Seule différence avec l’avant-première, Philippe Nahon, qui avait alors cédé la baguette à son jeune et excellent collègue franco-canadien Jean-Michel Lavoie, sera présent dans la fosse de l’Athénée, à la tête de l’Ensemble Ars Nova. La longue complicité unissant le chef et ses instrumentistes augure du meilleur pour un spectacle à découvrir à sans faute.
Alain Cochard
(1) le 23 novembre 2016 au Théâtre Cinéma Paul Eluard de Choisy-le-Roi
(2) www.concertclassic.com/article/les-dits-du-fou-la-peniche-opera-jusquau-bout-de-la-folie-compte-rendu
P. Maxwell Davies : The Lighthouse
21, 22, 25 27 et 28 avril 2016 (à 20h, sauf le 25 à 19h)
Paris – Athénée Théâtre Louis-Jouvet
www.athenee-theatre.com/saison/spectacle/the_lighthouse.htm
Photo (de g. à dr. : Paul-Alexandre Dubois, Nathanaël Kahn, Christophe Crapez) © La Grande Fugue
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