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Lille - Compte-rendu - Une pétillante Périchole


Avec La Périchole (1868), Offenbach signe son dernier grand succès de la période tourbillonnante du Second Empire. La dérision et la bouffonnerie le disputent certes à l’humour mais aussi la gravité à la légèreté. « Véritable mécanisme d’horlogerie qui doit fonctionner comme chez Feydeau, Labiche ou plus tard Ravel », selon Jean-Claude Casadesus, La Périchole ne permet jamais la facilité et n’autorise aucune faiblesse de concentration.

En 1969 déjà, au Théâtre de Paris, le futur patron de l’Orchestre National de Lille avait prouvé l’intérêt qu’il portait à une partition parfois proche des Contes d’Hoffmann. Quarante ans plus tard, Casadesus revient à ses premières amours. Dans la mise en scène imaginative et parfois déjantée de Bérangère Jannelle – qui fut l’assistante de Stéphane Braunschweig et signe ici sa première incursion dans l’opéra –, le chef affirme une volonté d’exigence, rappelant s’il en était besoin que « Le Mozart des Champs-Elysées » peut être un compositeur profond sous les paillettes d’un vaudeville sud-américain. A la tête d’un orchestre visiblement heureux, sa baguette souple sait alterner avec contraste les moments d’effervescence et les instants de poésie ; les musiciens font feu de tout bois et rendent à cette musique sa saveur et sa séduction. Les dialogues parlés ne pèsent jamais dans l’interprétation enlevée des principaux protagonistes d’une production habilement réactualisée.

Périchole piquante, Stéphanie d’Oustrac en comédienne avisée ne force jamais le ton, mais sa dignité n’enlève rien à l’énergie et à la vitalité qui l’animent. Son amant, le chanteur des rues Piquillo interprété par le ténor Martial Defontaine, est un partenaire idéal tant sur le plan théâtral que vocal. Le Vice-roi du Pérou trouve en Franck Leguérinel un interprète haut en couleur qui sait, avec pertinence, entrer dans le rôle caricatural parfois proche de la comédie musicale de ce dictateur d’opérette plus inquiétant qu’il n’y paraît.

Le reste de la distribution fait également merveille, aussi bien l’excellent Christian Tréguier dans le rôle du Premier gentilhomme de la Cour, que Mathias Vidal dans celui du Gouverneur de Lima - pareils à Dupont et Dupond ! Enfin, le vieux prisonnier de Boris Alestchenkoff dans le décor stylisé de la prison où est aussi enfermé Piquillo, laisse une impression saisissante. Les deux heures de musique, plaisir constant pour l’œil et pour l’oreille, pétillent comme du champagne. Le public lillois quitte le théâtre la joie au cœur.

Michel Le Naour

Lille, Opéra, 3 février 2009

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Photo : DR

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