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L’Octuor de Mendelssohn/ »Interdit aux compositeurs de plus de 16 ans » au Centre de Musique de Chambre de Paris – C’est Trazom qu’on enchante – Compte-rendu
Comment présenter la musique classique au jeune public, en particulier aux ados non-sensibilisés dès leur plus jeune âge ? Et si la solution était de confier la tâche – délicate ô combien (vite fait de passer pour un « bouffon » !) – à un représentant de ce jeune public, mais à quelqu’un d’aussi compétent en matière musicale que capable d’adopter le ton requis. Un oiseau rare ? Jérôme Pernoo l’a trouvé parmi ses élèves ! Minois plus que sympathique, bagou irrésistible, Rafaël Cumont-Vioque (photo) joue, via de brèves vidéos aussi pêchues que drôles, le rôle de présentateur-youtuber du nouveau spectacle du Centre de Musique de Chambre de Paris, conçu autour de l’Octuor à cordes de Mendelssohn et sous-titré «Interdit aux compositeurs de plus de 16 ans ».
Un matelas à même le sol, une couette, des coussins, un pouf, quelques chaises, un bureau, un ordinateur : décor minimaliste façon chambre d’ado, parfaitement adapté au propos. Sur scène de jeunes instrumentistes habitués du Centre (Eva Zavaro, Mikhail Feyman, Jeroen Suys, violons ; Lea Hennino, Violaine Despeyroux, altos, Caroline Sypniewski, Adrien Bellom, violoncelles, et Natasha Roque Alsina au piano) en teeshirt, sweatshirt, jean, chino, etc., tous réunis pour un moment inattendu. Et oui !, on peut sublimement jouer Mozart (Adagio du Divertimento K 131) dans les positions parfois un brin « vautrées » que réclame la mise en scène quand on possède le talent de ces interprètes. C’est Trazom qu’on enchante ...
Le Scherzo du Quatuor D. 87 ou le Quatuor avec piano de Mahler ne sont pas en reste, ni la Polonaise « Adieu à Guillaume Kohlberg » de Chopin, fraîche et tendre sous les doigts de N. Roque Alsina. Ils avaient tous 16 ans au moment où ils composèrent les ouvrages que l’on entend. Mais il en est un qui a 16 ans (1), et est d’ailleurs présent en chair en os (on l’entend pendant le « Freshly Composed » de l’entracte dans un mouvement de sonate de son cru), l’Israélien Tomer Kviatek dont la Danse devant l’autel du Sacrifice pour quatuor avec piano s’accorde parfaitement avec la couleur générale du programme.
Quant à l’Octuor de Mendelssohn qui clôt la soirée, il fait l’objet d’une exécution idéale d’engagement et de finesse, mais aussi d’une quasi-chorégraphie tant les déplacements des musiciens (ils jouent par cœur comme toujours au Centre) font corps avec les atmosphères et le mouvement intérieur de la partition.
En première partie de soirée, le Quatuor n° 15 de Schubert était au programme de Miriam Helms Ålien, Stephen Waarts, Thimothy Ridout et Bruno Philippe. On y a goûté dès sa première exécution, d’une fougue un peu excessive parfois, on l'a réentendu deux jours après, infiniment plus concentré et émouvant sous quatre splendides archets de la nouvelle génération.
Alain Cochard
Paris, Salle Cortot, les 8 (Schubert) et 10 (Schubert et Octuor) mars 2017 /www.centredemusiquedechambre.paris
Photo (R. Cumont-Vioque) © DR
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