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L’Orchestre de chambre de Genève à la Gaité lyrique - Eclectisme voyageur - Compte-rendu
Le pianiste David Greilsammer adore associer des œuvres d’époques très différentes dans ses récitals. Ses goûts éclectiques caractérisent aussi son travail en tant que directeur musical de l’Orchestre de chambre de Genève : les programmes de la résidence de cette formation à la Gaité lyrique en offrent de probants exemples. Le concert inaugural du récent week-end parisien des musiciens genevois mêlait ainsi Mozart, George Crumb et Steve Reich sur le thème du voyage.
Intimiste début de soirée avec le Quatuor n°1 en ré majeur pour flûte de Mozart : Eliane Williner (flûte), Simone Roggen (violon), François Jeandet (alto) et Coralie Devars (violoncelle) signent une interprétation toute de fraîcheur et d’une tendresse délicieuse. Dans l’écrin des cordes, le chant de la flûtiste transforme l’Adagio en un pur moment de rêve.
Entamé sur un mode onirique, le voyage se poursuit… dans les profondeurs de l’océan. Les préparatifs requis par une œuvre pour « trois instrumentistes masqués» effectués, on passe en effet sans transition à Vox Balaenae de Crumb, pièce datée de 1973 et inspirée au compositeur américain par la « voix » du mammifère marin. Eliane Williner, Coralie Devars et David Greilsammer l’explorent avec autant de précision que d’émerveillement et, irrésistiblement, entraînent leur auditoire dans un monde sonore étrange où les repères se dérobent. La qualité de la sonorisation exigée par cette pièce participe également de sa réussite. En seconde partie, la réalisation technique de Different Trains de Reich (une composition pour quatuor à cordes et bande magnétique) mérite bien des éloges elle aussi, mais c’est d’abord le travail de François James & Pascale Servranckx-Delporte (violons), Robin Lemmel (alto) et Coralie Devars (violoncelle) qu’il convient de saluer.
On aurait sûrement plus savouré leur exécution si elle n’avait pas été «agrémentée » de D-Trains, « création sonore de RadioMentale » pour reprendre les termes du programme. Dans les faits, la pièce de Reich de trouve prise en sandwich entre deux épisodes vidéo. La petite demi-heure de musique que dure l’ouvrage est totalement phagocytée par cet habillage pseudo-branché et se mue une interminable heure d’ennui. Dommage de conclure un voyage qui avait si bien commencé par un attrape-bobo aussi vain que prétentieux !
Alain Cochard
Paris, Gaîté lyrique, 27 janvier 2012
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Photo : DR
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