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L’Orchestre national de Lille, à Lille, Paris et ... sur Youtube – Une phalange symphonique à l’heure de la diffusion digitale
L’Orchestre national de Lille, à Lille, Paris et ... sur Youtube – Une phalange symphonique à l’heure de la diffusion digitale
La période est compliquée pour toutes les phalanges symphoniques. A l’Orchestre national de Lille comme ailleurs, le sens de l’adaptation prévaut. On l’a constaté lors de la soirée d’ouverture de saison pour laquelle Nemanja Radulovič, dans l’impossibilité d’être présent, était remplacé par Edgar Moreau – et Mozart par Haydn ! Les choses se passent comme prévu en revanche pour le rendez-vous avec Misha Maisky et Alexandre Bloch (photo), les 7 et 8 octobre au Nouveau Siècle de Lille et le 9 à la Philharmonie de Paris, dans un programme réunissant des pièces concertantes de Tchaïkovski (Nocturne op. 19/4, Variations rococo), Bruch (Kol Nidrei) et les Métamorphoses de Strauss.
Comme lors des concerts donnés au moment du déconfinement, les petits effectifs prévalent en ce moment pour A. Bloch et les musiciens lillois. C’est l’occasion pour le directeur musical de proposer des pièces que les orchestre symphoniques ont moins l’habitude de fréquenter. A l’instar de Divertimento de Bartók il y a peu, les Métamorphoses sont l’occasion pour le chef d’un travail approfondi avec les cordes.
La jauge réduite prévaut au Nouveau Siècle (un tiers de la salle), mais le public lillois, fidèle ô combien ! à son orchestre, est au rendez-vous – et quand les caractéristiques de certains lieux en région empêchent pour des raisons sanitaires la tenue des concerts prévus, ceux-ci sont rapatriés sur Lille, venant enrichir l’offre – et faire des heureux !
Comme lors des concerts donnés au moment du déconfinement, les petits effectifs prévalent en ce moment pour A. Bloch et les musiciens lillois. C’est l’occasion pour le directeur musical de proposer des pièces que les orchestre symphoniques ont moins l’habitude de fréquenter. A l’instar de Divertimento de Bartók il y a peu, les Métamorphoses sont l’occasion pour le chef d’un travail approfondi avec les cordes.
La jauge réduite prévaut au Nouveau Siècle (un tiers de la salle), mais le public lillois, fidèle ô combien ! à son orchestre, est au rendez-vous – et quand les caractéristiques de certains lieux en région empêchent pour des raisons sanitaires la tenue des concerts prévus, ceux-ci sont rapatriés sur Lille, venant enrichir l’offre – et faire des heureux !
© Susanne Diesner
L’actualité de l’automne est aussi discographique pour A. Bloch et l’OnL avec la sortie (chez Alpha) d’une 7e Symphonie de Mahler. Par-delà l’engagement et la qualité de l’interprétation, ce disque témoigne – après cinq autres enregistrements, parmi lesquels des Pêcheurs de perles de Bizet (Pentatone) et, non moins admirable, un volume Chausson avec Véronique Gens (Alpha) – de la dynamique créée par l’arrivée du nouveau directeur musical à la rentrée 2016.
Alors qu’il vient tout juste de franchir le cap des 35 ans, A. Bloch a la responsabilité d’une formation en plein rajeunissement du fait de nombreux départs à la retraite. « Plus d’un quart de l’orchestre a été renouvelé depuis mon arrivée et le mouvement va se poursuivre, précise-t-il. Il faut intégrer ces nouveaux musiciens, leur transmettre les valeurs de l’orchestre symphonique de manière générale, mais aussi celles de l’Orchestre national de Lille, attaché au partage de la musique pour le plus grand nombre et à la diffusion en région, sans oublier les tournées internationales, comme cela a été le cas l’an dernier en Angleterre. »
Après avoir pris ses marques à l’OnL avec des auteurs tels que Brahms, Ravel ou Stravinski, A. Bloch a profité d’élan apporté par Lille 3000 pour entreprendre en janvier 2019 ( au commencement de son deuxième mandat) une intégrale des symphonies de Mahler, données dans l’ordre. « Une grand odyssée » dans laquelle le directeur musical s’est lancé après de nombreux mois passés à étudier les partitions évidemment, mais aussi à dévorer quantité de livres sur le compositeur autrichien et son temps et à découvrir « plein d’aspects très modernes » dans sa personnalité et sa musique. Le jeune maestro éprouve une visible fascination pour « un compositeur chef d’orchestre qui ne connaissait pas seulement l’orchestration, mais aussi la psychologie de l’orchestre. »
Expérience fondatrice en tout cas que ce cycle Mahler dans la relation du directeur musical et de l’orchestre avec son public : « Il a joué le jeu, constate A. Bloch, et certaines initiatives (tel le concert « smartphonie » autour de la Symphonie n° 1) ont permis d’attirer un nouveau public et de l’entraîner dans l’aventure. Nombreux sont les gens qui ont suivi la totalité du cycle et j’ai eu beaucoup de bons retours. » L’intégrale Mahler aura aussi été une étape marquante dans l’existence de la phalange, permettant «de la souder, de créer un son d’orchestre différent dans ce répertoire particulier. » L’organisation des répétitions, étalées sur une semaine, suivies des concerts, a favorisé la maturation d’un langage au fil des symphonies. « Arrivé à la 4e Symphonie, se souvient A. Bloch, j’ai senti que niveau de l’orchestre avait évolué ; les premières répétitions étaient complètement différentes. ».
L’actualité de l’automne est aussi discographique pour A. Bloch et l’OnL avec la sortie (chez Alpha) d’une 7e Symphonie de Mahler. Par-delà l’engagement et la qualité de l’interprétation, ce disque témoigne – après cinq autres enregistrements, parmi lesquels des Pêcheurs de perles de Bizet (Pentatone) et, non moins admirable, un volume Chausson avec Véronique Gens (Alpha) – de la dynamique créée par l’arrivée du nouveau directeur musical à la rentrée 2016.
Alors qu’il vient tout juste de franchir le cap des 35 ans, A. Bloch a la responsabilité d’une formation en plein rajeunissement du fait de nombreux départs à la retraite. « Plus d’un quart de l’orchestre a été renouvelé depuis mon arrivée et le mouvement va se poursuivre, précise-t-il. Il faut intégrer ces nouveaux musiciens, leur transmettre les valeurs de l’orchestre symphonique de manière générale, mais aussi celles de l’Orchestre national de Lille, attaché au partage de la musique pour le plus grand nombre et à la diffusion en région, sans oublier les tournées internationales, comme cela a été le cas l’an dernier en Angleterre. »
Après avoir pris ses marques à l’OnL avec des auteurs tels que Brahms, Ravel ou Stravinski, A. Bloch a profité d’élan apporté par Lille 3000 pour entreprendre en janvier 2019 ( au commencement de son deuxième mandat) une intégrale des symphonies de Mahler, données dans l’ordre. « Une grand odyssée » dans laquelle le directeur musical s’est lancé après de nombreux mois passés à étudier les partitions évidemment, mais aussi à dévorer quantité de livres sur le compositeur autrichien et son temps et à découvrir « plein d’aspects très modernes » dans sa personnalité et sa musique. Le jeune maestro éprouve une visible fascination pour « un compositeur chef d’orchestre qui ne connaissait pas seulement l’orchestration, mais aussi la psychologie de l’orchestre. »
Expérience fondatrice en tout cas que ce cycle Mahler dans la relation du directeur musical et de l’orchestre avec son public : « Il a joué le jeu, constate A. Bloch, et certaines initiatives (tel le concert « smartphonie » autour de la Symphonie n° 1) ont permis d’attirer un nouveau public et de l’entraîner dans l’aventure. Nombreux sont les gens qui ont suivi la totalité du cycle et j’ai eu beaucoup de bons retours. » L’intégrale Mahler aura aussi été une étape marquante dans l’existence de la phalange, permettant «de la souder, de créer un son d’orchestre différent dans ce répertoire particulier. » L’organisation des répétitions, étalées sur une semaine, suivies des concerts, a favorisé la maturation d’un langage au fil des symphonies. « Arrivé à la 4e Symphonie, se souvient A. Bloch, j’ai senti que niveau de l’orchestre avait évolué ; les premières répétitions étaient complètement différentes. ».
Le choix de la 7e Symphonie pour un nouvel enregistrement avec l’OnL tient évidemment à l’attachement d’A. Bloch à cette partition. « Une œuvre que j’adore, confie-t-il, mais qui est souvent mal comprise, son dernier mouvement en particulier. Je le trouve très moderne, avec un côté « zapping » qui, sans préparation, nous fait passer d’un état émotionnel à un autre. » Située au deux tiers du cycle, la 7e Symphonie bénéficiait des mois d’immersion de l’orchestre dans l’univers mahlérien et, outre à Lille, elle a été donnée à la Philharmonie de Paris et à Liège. C’est à Daniel Zalay que le chef a tenu à confier cet enregistrement : « un des rares ingénieurs du son qui respecte mon souhait de surtout prendre les micros qui sont au dessus de moi et de moins utiliser les micros d’appoint ». Le résultat est là, fidèle au « grain sonore » particulier qu’A. Bloch a recherché avec un orchestre dont il s’avoue « très fier ».
Mais avant même la sortie de la 7e Symphonie, Mahler aura été très étroitement associé cette année à l’Orchestre national de Lille. Grâce au studio audionumérique dont il est équipé depuis 2015 et aux moyens vidéos, tout aussi performants, qui s’y sont ajoutés deux ans plus tard, la phalange a pu réaliser de nombreux contenus à destination de sa chaîne Youtube, parmi lesquels l’intégralité du cycle de Mahler qui, après avoir été diffusé en direct au fur et à mesure de son déroulement, demeurait disponible gratuitement en replay ... Quand est survenu le confinement ... « Nous nous sommes rendu compte de la chance que nous avions de disposer de beaucoup de matière, souligne A. Bloch, ce qui nous permettait de garder un lien avec notre public grâce à des captations de qualité. »
Préparation intensive en amont, captation dans des conditions optimales, gros travail de post-production : le soin apporté à la réalisation des Mahler, comme à bien d’autres contenus s’est révélé payant pendant le confinement et, les chiffres de fréquentation le prouvent, la chaîne Youtube (3440 abonnés à ce jour) a connu un vif essor pendant le confinement, porté par le succès des Mahler. On y a vu aussi naître de nouveau contenus, tel le très pédagogique « Que se passe-t-il dans la tête d’une chef d’orchestre ? » qu’Alexandre Bloch a lui-même réalisé à partir d’images du concert de la 7e Symphonie (1). Preuve supplémentaire de la place de la chaîne Youtube, elle a permis, en juin dernier, de réinventer sur un mode intégralement digital l’édition 2020 du Lille Piano(s) Festival.
La diffusion digitale constitue, on l’aura compris, un axe désormais essentiel de la politique de l’Orchestre national de Lille. On va le vérifier à nouveau ce 8 octobre puisque le programme avec Misha Maisky fera l’objet d’une retransmission en direct du Nouveau Siècle. Ce concert marque le point de départ d’une série de cinq captations réparties sur la saison et réalisées grâce au partenariat avec le Crédit Mutuel Nord Europe. Suivront des rendez-vous avec Kit Amstrong et Jan Willem de Vriend, premier chef invité de l’OnL (12 novembre), François Leleux (26 novembre), Ingela Brimberg et Kazushi Ono (1er avril) et, enfin, en clôture de saison (25 juin), un programme réunissant une création française de Magnus Lindberg (Triumph to Exist) et l’inoxydable Neuvième de Beethoven, sous la baguette d’Alexandre Bloch.
Alain Cochard
(Entretien avec Alexandre Bloch réalisé le 30 septembre 2020)
Mais avant même la sortie de la 7e Symphonie, Mahler aura été très étroitement associé cette année à l’Orchestre national de Lille. Grâce au studio audionumérique dont il est équipé depuis 2015 et aux moyens vidéos, tout aussi performants, qui s’y sont ajoutés deux ans plus tard, la phalange a pu réaliser de nombreux contenus à destination de sa chaîne Youtube, parmi lesquels l’intégralité du cycle de Mahler qui, après avoir été diffusé en direct au fur et à mesure de son déroulement, demeurait disponible gratuitement en replay ... Quand est survenu le confinement ... « Nous nous sommes rendu compte de la chance que nous avions de disposer de beaucoup de matière, souligne A. Bloch, ce qui nous permettait de garder un lien avec notre public grâce à des captations de qualité. »
Préparation intensive en amont, captation dans des conditions optimales, gros travail de post-production : le soin apporté à la réalisation des Mahler, comme à bien d’autres contenus s’est révélé payant pendant le confinement et, les chiffres de fréquentation le prouvent, la chaîne Youtube (3440 abonnés à ce jour) a connu un vif essor pendant le confinement, porté par le succès des Mahler. On y a vu aussi naître de nouveau contenus, tel le très pédagogique « Que se passe-t-il dans la tête d’une chef d’orchestre ? » qu’Alexandre Bloch a lui-même réalisé à partir d’images du concert de la 7e Symphonie (1). Preuve supplémentaire de la place de la chaîne Youtube, elle a permis, en juin dernier, de réinventer sur un mode intégralement digital l’édition 2020 du Lille Piano(s) Festival.
La diffusion digitale constitue, on l’aura compris, un axe désormais essentiel de la politique de l’Orchestre national de Lille. On va le vérifier à nouveau ce 8 octobre puisque le programme avec Misha Maisky fera l’objet d’une retransmission en direct du Nouveau Siècle. Ce concert marque le point de départ d’une série de cinq captations réparties sur la saison et réalisées grâce au partenariat avec le Crédit Mutuel Nord Europe. Suivront des rendez-vous avec Kit Amstrong et Jan Willem de Vriend, premier chef invité de l’OnL (12 novembre), François Leleux (26 novembre), Ingela Brimberg et Kazushi Ono (1er avril) et, enfin, en clôture de saison (25 juin), un programme réunissant une création française de Magnus Lindberg (Triumph to Exist) et l’inoxydable Neuvième de Beethoven, sous la baguette d’Alexandre Bloch.
Alain Cochard
(Entretien avec Alexandre Bloch réalisé le 30 septembre 2020)
(1) www.youtube.com/channel/UCDXlku0a3rJm7SV9WuQtAdw
Misha Maisky, Alexandre Bloch, Orchestre national de Lille
7 et 8 octobre 2020 - 20:00
Lille – Nouveau Siècle
https://www.onlille.com/saison_20-21/concert/metamorphoses/
9 octobre 2020 – 20:30
philharmoniedeparis.fr/fr/activite/concert-symphonique/21495-metamorphoses?date=1602268200
Site de l’Orchestre National de Lille : www.onlille.com/saison_20-21/
Chaîne Youtube : www.youtube.com/channel/UCDXlku0a3rJm7SV9WuQtAdw
Photo © Marco Borggreve
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