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Lucia di Lammermoor de Donizetti à l’Opéra Royal de Wallonie – L'épatant et le carton pâte – Compte-rendu
Pour cette nouvelle production de Lucia di Lammermoor à l’Opéra Royal de Wallonie, Stefano Mazzonis di Pralafera a choisi de suivre au plus près le livret de Salvatore Cammarano se contentant d’ajouter la présence du vieux serviteur d’Edgardo, rôle muet repris du roman de Walter Scott. Mise en scène traditionnelle, voire kitch, dans des costumes de Fernand Ruiz évoquant l’Ecosse du XVIIème siècle - avec des collerettes que n’aurait pas reniées Bob Wilson. Décors de Jean-Guy Lecat poussés par des machinistes : deux tours en carton pâte, l’une du château des Ashton où vivent Enrico et sa sœur Lucia, l’autre, misérable, lieu d’habitation d’Edgardo, séparées par la forêt et le jardin, lieux de rencontre des amoureux au bord de la fontaine.
Ivan Thirion et Annick Massis © Lorraine Lorraine Wauters
Le plateau vocal bénéficie de la présence dans le rôle-titre d’Annick Massis, qui a défendu le rôle de Lucia sur les plus grandes scènes. Les mimiques de jeune fille qui lui sont imposées à l’acte I ne correspondent pas toujours à sa caractérisation de femme volontaire qui met ses actes en conformité avec sa passion. Toutefois, sa tenue vocale reste irréprochable et atteint un degré d’intensité paroxystique dans une scène de la folie accompagnée par les harmonies étranges de l’harmonica de verre (qui remplace avantageusement la flûte) ; les vocalises ailées et denses vont de pair avec un admirable sens du théâtre et de la progression dramatique. Voix puissante et bien timbrée, aux couleurs de miel, l’Edgardo de Celso Albelo augure du meilleur pour l’avenir du ténor espagnol. Mentions également à la basse solide de Roberto Tagliavini en Chapelain Raimondo et à l’Enrico ardent du jeune Ivan Thirion, irrésistible d’autorité et de force de conviction. Seul Pietro Picone en Lord Bucklaw se situe un peu en deçà des exigences de son personnage.
A la tête de l’Orchestre et des Chœurs de l’Opéra Royal (excellemment préparés par Pierre Iodice), Jesús López-Cobos impose tout au long de l’ouvrage une direction élégante et incisive attachée tout autant aux détails qu’à la vision d’ensemble. Du travail d’orfèvre relayé par des musiciens conscients de l’enjeu et qui tiennent en haleine le public tout au long d’une représentation épatante sur le plan musical.
Michel Le Naour
Donizetti : Lucia di Lamermoor - Liège, Opéra Royal de Wallonie, 17 novembre, prochaines représentations les 22, 25, 28 novembre et 1er décembre 2015 / www.operaliege.be
Photo © Opéra Royal de Wallonie - Lorraine Wauters
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