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Ma vie de ténor (est un roman qui m’intéresse beaucoup) de Jean-François Novelli en création au Festival Baroque de Pontoise – L’organe, l’ego, la vie – Compte-rendu
© Kalison
D'un délectable mordant, ce texte a inspiré à Jean-François Novelli (photo) un nouveau spectacle musical, trois ans après Le Croustilleux La Fontaine : Ma vie de ténor (est un roman qui m’intéresse beaucoup). Une initiative plus que bienvenue en ces temps covidés et moroses ! Le siècle romantique et l’essor du répertoire lyrique et de son public forment le substrat d’un patchwork musical et littéraire (en plus de la 6e Soirée, transposée à la première personne, on trouve des extraits des Mémoires de Berlioz et de celles de Duprez) bâti avec le concours du metteur en scène Olivier Broche et de Kenza Berrada (scénographie)
© Kalison
Dès l’entrée en matière – avec flûte à bec et patins à roulettes, sur les Tendres souhaits d’Antoine Albanese ! – un ton tout à la fois loufoque, caustique et impertinent s’impose. Ma vie conte donc celle d’un ténor, de ses débuts modestes – c'est bien le seul moment où l'on peut oser ce qualificatif – jusqu’à la gloire. Le Ténor, son organe, sublime !, son ego démesuré, ô combien !, nous valent de francs fous rires au cours d’un spectacle remarquablement bien construit et équilibré (d’une durée d’une heure, il pourrait aisément s’autoriser quelques petits ajouts). Ivresse de la Gloire et de la Fortune : le personnage incarné par J.-F. Novelli vogue de triomphe en triomphe. La consécration qu’il connaît, emperruqué, à l’Opéra de Paris vaut son pesant de pistaches, tout comme le narcissisme avec lequel il reçoit les éloges de la critique ; des textes dits – et flatteusement ! – par les voix de François Morel, Olivier Saladin, Olivier Broche et Juliette, sur le Bal de la Symphonie Fantastique par l’excellent Romain Vaille au clavier (le pianiste est par ailleurs sollicité pour une drôlissime traduction simultanée lors d’une étape londonienne de notre Ténor ...).
On ne trouve pas une note vocale de Berlioz dans le programme musical, seulement quelques discrètes références à la fameuse Fantastique (placées sous le texte parlé, façon mélodrame), mais des pages de Jadin, Rossini, Donizetti, Niedermeyer, Gail, ou encore un extrait du « Kuda, Kuda » d’Eugène Onéguine, particulièrement en situation, qui s’insèrent sans le moindre hiatus entre les passages parlés. Quant à la passion du Ténor pour l’argent, elle offre prétexte à une incursion aussi inattendue que bien trouvée dans le XXe siècle et la pop (Money, money ...).
La gloire et ... le déclin vocal : c’est sur cet aspect que se referme Ma vie, moment que Novelli (sur « A la voix d’un amant fidèle » de la Jolie Fille de Perth) assume avec une simplicité et un dépouillement en total contraste avec ce qui a précédé. Conclusion profondément humaine et émouvante ...
Après sa création au Festival Baroque de Pontoise, notez que Ma vie de ténor fait étape au Carré Amelot de La Rochelle, le 9 octobre, dans le cadre du MM Festival (1)
Alain Cochard
Eragny-sur-Oise, Théâtre de l’Usine, 26 septembre 2020 // Festival Baroque de Pontoise : www.festivalbaroque-pontoise.fr/fr/
Photo © Kalison
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